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17 novembre 2014

Maurice Pons - Mademoiselle B.

Pons

 PONS Maurice Mademoiselle B..

264 pages.

Éditions Denoël (2014).

« Hippolyte Girardot et Maurice Pons, c’est la rencontre de l’intelligence, du charme et de l’insolence discrète. Une savoureuse fantaisie à laquelle tous deux nous convient. Du village où il vit, Maurice Pons raconte les étranges rumeurs qui entourent une certaine Mademoiselle B. : une créature sans âge, toujours vêtue de blanc, qui attirerait les hommes et les pousserait au suicide. Maurice Pons, alors en mal d’écriture, se retrouve pris au cœur de l’enquête. Tout aussi méfiant que fasciné, il se passionne pour le cas de Mademoiselle B. «On frissonne, on s’émerveille du savoir-faire de l’auteur, de son aptitude à raconter le surnaturel avec naturel, le fantastique avec une trompeuse bonhomie : c’est du superbe travail de romancier.» François Nourissier.»

INCIPIT: "C'était un dimanche matin et comme chaque matin je m'étais réveillé à sept heures vingt."   

4 - Pur délire

 

La couverture est percutante par sa sobriété, et mystérieuse, comme cette Mademoiselle B. aux gants blancs, qui fait marcher les langues et courir l'imagination - créature diabolique pour certains, femme aux moeurs légères pour d'autres.

Maurice Pons s'amuse à entraîner le lecteur à la poursuite de réponses concernant une mystérieuse et surannée Mademoiselle B. Jouant à la frontière entre la vie réelle - certains faits du roman sont autobiographiques - et la fiction, voire la fiction surnaturelle: il se balade autour de Jouff, au bord de la Flanne.

 

Écrivain hédoniste, Mr Pons recrée pour son plaisir, et le notre, un petit air de campagne où le mystère et le surnaturel vont rapidement s'immicer au travers de morts suspectes et de disparitions anormales.

Un fait plus qu'étrange est que cette mademoiselle B., le lecteur ne la croise qu'une seule fois. Mystérieuse et gantée, tout ce que notre enquêteur amateur en apprendra,  repose sur la rumeur et les on-dit, dont les plus terribles se trouvent dans le fin fond de ces paysages bucoliques.

L'avatar de l'auteur, "fortement occupé à ne rien faire", coule une vie tranquille aux milieu d'une multitude de personnages secondaires qu'il décrit d'une plume caustique; de la femme de ménage avec qui il partage un café en l'écoutant pérorer sur le plus petit de ses furoncles; jusqu'aux gendarmes qui, certains que ces morts sont des suicides, n'ont de toute façon pas les moyens techniques et financiers de pousser plus avant la question. Et sur ce, vont boire un verre en compagnie de l'écrivain.

Le dénouement est plus qu'abrute, et les réponses aux questions sont laissées à la discrétion du lecteur, un tantinet frustrant et surtout un léger développement un peu plus surnaturel n'aurait pas été pour me déplaire. Mais ça ne gâche en rien cette lecture désuète et familière.

étoileétoileétoileétoileétoileétoileétoileétoile

Voici contée, d'un ton badin et plein d'humour, l'histoire de la rumeur au coeur de la campagne française. Un récit paisible au gré de la Flanne. Merci pour cette belle réédition d'un texte que sinon je n'aurai probablement jamais découvert.
CITATIONS:  "Ah, Cher Maurice Pons, me disait-il de sa voix douce et grave, nous faisons vraiment un curieux métier. Un métier qui consiste à acheter très cher du papier blanc, à le salir avec de l'encre, pour finalement le revendre à son poids de vieux papier !"
"La campagne, dans notre région, est comme partout ailleurs en France parsemée de cimetières, plus oumoins discrets, plus ou moins arrogants, dominés toujours par le rituel instrument de torture, vénéré par les chrétiens."
"Tel est, dans l'esprit de ces gens, le prestige suspect de l'écrivain. Pour les magistrats, les préfets, les professeurs, tous inhibés par le carcan rigide de leurs fonctions, préoccupés par l'avancement de leur carrière et l'indice de leur traitement mensuel, vivant en dehors des lois, aux frontières de la délinquance. Et par-dessus tout, c'est un séducteur, briseur de foyers et détourneur de demoiselles !"
"Je pense aujourd'hui que Michèle ne perçut vraiment le danger qu'à travers moi, à la transfiguration qui marquait mon visage, à cette étrange lueur qui reste dans les yeux, pour avoir regardé de trop près, même si vite, au-delà de la vie."
"Et je sais trop bien que ce qui nous paraît "fantastique", ne l'est que par la projection extrêmement réelle de nos terreurs et de nos tentations."

Je remercie les Éditions Denoël de leur confiance.

 

denoel

 

 

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