Jérôme Loubry - "Le douzième chapitre".

LOUBRY Jérôme - "Le douzième chapitre".

Ebook.

Éditions Calman Levy (2018).

« Été 1986. David et Samuel ont 12 ans. Comme chaque année, ils séjournent au bord de l’océan, dans le centre de vacances appartenant à l’employeur de leurs parents. Ils font la connaissance de Julie, une fillette de leur âge, et les trois enfants deviennent inséparables. Mais une ombre plane sur la station balnéaire et les adultes deviennent de plus en plus mystérieux et taciturnes. Puis alors que la semaine se termine, Julie disparaît. 30 ans plus tard, David est devenu écrivain, Samuel est son éditeur. Depuis le drame, ils n’ont jamais reparlé de Julie. Un jour, chacun reçoit une enveloppe. À l’intérieur, un manuscrit énigmatique relate les évènements de cet été tragique, apportant un tout nouvel éclairage sur l’affaire..»

Voilà un auteur qu'il risque d'être intéressant de suivre. Je le découvre avec ce roman psychologique qui alterne entre souvenirs d'enfance et angoisses de la vie d'adultes. Jérôme Loubry est également l'auteur des "Chiens de Détroit". 

David et Samuel, l'un écrivain à la renommée grandissante et l'autre éditeur, sont amis depuis leur enfance. Depuis les dernières vacances qu'ils ont passé dans le centre de vacances de l'entreprise où travaillent leurs parents pour être tout à fait exact. Cet été-là, l'attitude des adultes est tendue et la violence n'est jamais loin pour exorciser tout ce stress. L'entreprise va probablement fermer ses portes. Mais les enfants eux, passent leur journée à la plage. C'est là que les deux garçons font la connaissance de Julie et le trio devient inséparable. Mais une nuit, la fillette disparaît. Des années plus tard, les deux amis reçoivent une enveloppe dans laquelle ce passé les rattrape. 

Avec une alternance des chapitres entre le passé de l'enfance sur cette plage de Saint-Hilaire de Riez et leur présent d'adultes dans une vie bien rangée et rythmée, Jérôme Loubry dépeint avec justesse ces deux ambiances si distantes l'une de l'autre, mais totalement imbriquées qui ne fonctionneraient pas l'une sans l'autre. L'auteur propose des portraits psychologiques de ses personnages très bien travaillés et attachants. Le lecteur va invariablement apprécié Samuel et David, car il les découvre enfants, ayant vécu une tragédie qu'ils tentent d'oublier sans bien l'avoir comprise à l'époque. L'empathie fonctionne à merveille et le lecteur est ferré. 

Jérôme Loubry fait monté la tension progressivement, déjà avec ces enveloppes reçues et l'histoire qu'elles contiennent, mais également avec la mystérieuse identité de cette troisième personne, ayant elle aussi vécu le drame. Le corbeau les nomme tous les trois le sourd, le muet et l'aveugle, mais qui est qui? David va tout mettre en jeu, sa famille et même sa vie pour tenter d'éclaircir et de comprendre ce qui c'est réellement passé à l'époque. 

L'auteur appuie là où ça fait mal. Il capte son lecteur avec la disparition d'une fillette. Tout ce qui a trait aux enfants ne peut laisser indifférent. Il utilise ce même paramètre, d'une façon différente bien sûr, dans son précédent roman "Les chiens de Détroit". La tension monte progressivement aussi bien dans le récit du passé; avec l'échéance inévitable qui pèse sur la tête de Julie; que dans celui du présent avec cette quête de la vérité de laquelle les personnages se rapprochent de plus en plus. Les pages se tournent toutes seules jusqu'à l'inéluctable. L'intrigue est rondement menée et le dénouement ne départ en rien l'ensemble du récit. 

La plume de Jérôme Loubry est implacable, et le récit laisse le lecteur collé à son fauteuil avec cette tension qui monte progressivement et qui fait que l'on ne peut lâcher ce livre sans savoir. Qu'a-t-il bien pu arriver à Julie, lors de cette soirée d'été 1986? Comme je le disais en début de chronique, c'est un roman qui captive et un auteur à suivre. 

Je remercie les Éditions Calman Levy et Netgalley de leur confiance et leur originalité.