Laetitia Colombani & Clémence Pollet - "La tresse ou le voyage de Lalita".

COLOMBANI Laetitia et POLLET Clémence - "La tresse ou le voyage de Lalita".

7 ans.

48 pages.

Editions Grasset (2018).

« Comme chaque matin, Smita démêle les cheveux de sa fille Lalita. Elle ne les a jamais coupés, ici les femmes gardent longtemps leurs cheveux de naissance, parfois toute leur vie. Elle divise la chevelure en trois mèches, qu’elle entrelace délicatement pour en faire une tresse. Mais aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres. Aujourd'hui, Lalita va entrer à l'école.»

J'aime beaucoup la délicatesse et le travail fait autour de chacun des albums des Éditions Grasset Jeunesse. A chaque nouvelle lecture, c'est de nouveau une belle surprise. Et je crois que s'il fallait n'en choisir qu'un, cela serait de l'ordre du très difficile. Cet album ne déroge pas à la règle. Il propose la version illustrée du roman "La tresse ou le voyage de Lalita" de Laetitia Colombani, que je n'ai d'ailleurs pas lu. Mais cela risque de changer...

Smita est une intouchable. Avec son mari, ils vivent une vie de miséreux, mais dans cette Inde où les castes ont une place si prépondérante, la jeune femme a un rêve absolument fou, permettre à sa fille de recevoir une éducation, qu'elle apprenne à lire et à écrire afin d'avoir une vie meilleure qu'elle. Pour ce faire, elle convint son mari d'apporter toutes leurs économies au brahmane, l'instituteur de l'école, pour qu'il permette à Lalita d'y être élève. Tout ne se passe pas comme prévu, mais Smita est pleine d'espoir et déterminée. 

Le roman tressait un récit autour de trois femmes très différentes les unes des autres, mais liées par leur courage. Dans cet album, le récit n'est axé que sur la vie de Smita et de sa famille au coeur de l'Inde et de ses traditions, où il est déjà si difficile d'exister. Alors le statut de la femme, quelle utopie d'espérer recevoir une éducation digne. Le portrait de cette jeune femme est fort et véhicule un message d'espoir et de courage à couper le souffle.

A travers cet album, le lecteur est mis en face de la pauvreté de la vie en Inde, pour la caste des Intouchables, qui sont jugés comme des êtres impurs. Ils survivent dans un statut quasiment similaires à celui d'esclave, et leur vie ne tient pas à grand chose. Ainsi les parents de Lalita ne sont jamais aller à l'école, et comme les générations avant eux, les hommes sont chasseurs de rats et les femmes nettoient les toilettes des fermiers. 

Les illustrations de Clémence Pollet, toutes en sobriété, accompagne parfaitement le récit de Laetitia Colombani. Les couleurs sont animées et cette prédominance d'un jeune lumineux porte l'espoir de cette indienne courageuse. L'auteure a retravaillé sa plume pour l'adapter au format de l'album, mais aussi aux jeunes lecteurs qui vont découvrir cette histoire forte. 

Cet album est juste magnifique. "La tresse ou le voyage de Lalita" est un récit porteur d'espoir qui véhicule des valeurs humaines fortes et un courage certain pour lutter contre les traditions établis depuis des centaines d'années et qui n'ont pas évolué avec le temps. Le livre en lui-même est très soigné avec une contre page de couverture aux motifs boteh très colorés. Une très belle découverte. 

Je remercie les Éditions Grasset Jeunesse de leur confiance et leurs choix judicieux.