Adam Silvera - "Et ils meurent tous les deux à la fin".

SILVERA Adam - "Et ils meurent tous les deux à la fin".

406 pages.

Éditions Robert Laffont - R (2018).

« Le 5 septembre, un peu après minuit, Death-Cast appelle Mateo Torrez et Rufus Emeterio pour leur annoncer une mauvaise nouvelle: ils vont mourir aujourd’hui. Mateo et Rufus sont de parfaits inconnus, mais, pour différentes raisons, ils cherchent tous deux à se faire un nouvel ami lors de leur journée de fin. Les bonnes nouvelles: Il y a une application pour ça. C’est ce qu’on appelle le dernier ami, et grâce à cela, Rufus et Mateo sont sur le point de se retrouver pour une dernière grande aventure: vivre une vie en une seule journée.»

INCIPIT: "A venir." 

En préparant cette chronique, j'ai souri en réalisant que le dernier roman de la Collection R que j'ai lu était "La faucheuse" de Neal Shusterman. Le rapport à la mort de ces deux romans est-il un message subliminal incitant les lecteurs à profiter toujours plus de la vie parce qu'elle est belle mais courte? En tout cas, ce roman est poignant, Adam Silvera nous prévient dès le titre. 

Matéo & Rufus vivent dans un futur lointain, mais pas tant que ça finalement, dans lequel existe le service Death-Cast, qui comme son nom l'explique très bien est un casting pour la mort. En effet, ce dernier prévient les futures victimes de la mort qu'ils vont commencer le dernier jour de leur vie. Pour éviter de vivre seul ce moment, il existe un service qui met en contact les personnes dans cette situation. C'est ainsi que les deux garçons qui ne se connaissaient pas vont vivre ensemble la plus intense des journées de leur vie. 

Dès la couverture, le lecteur est plongé dans une vision de la vie qui s'achève. Tout un chacun a au moins une fois pensé à cet instant, tragique et inconnu où il perdrait la vie. D'emblée tout le monde a son avis sur le fait ou pas de connaître la date fatidique, même si en réalité personne n'a le choix. La thématique est donc lourde et pleine de réflexion. Le récit alterne entre différents points de vue des deux principaux concernés, mais également des personnages qui entreront en contact avec eux au cours de cette journée. 

Mais Adam Silvera a plus d'un tour dans son sac, et va exploité cet état des choses en développant entre ses deux héros, une amitié forte et indéfectible. Au delà de la mort. C'est toujours dans les situations extrêmes et tragiques que l'on découvre ses vrais amis. Et bien dans le cas présent, cela se confirme. L'auteur donne vie à des personnages attachants et complémentaires. Matéo est quelqu'un de prudent et de réservé qui n'a jamais réellement vécu à fond. Rufus quant à lui est un peu rebelle, et porte à son actif quelques belles incartades. Liés par leur destin, ils vont se raconter leur vie.

Le rythme du roman est lent, mais il permet au lecteur d'apprécier cette amitié naissante et de se poser un certain nombre de questions sur les thèmes soulevés par l'auteur. Ce dernier évite d'ailleurs le côté larmoyant - qu'il aurait d'ailleurs pu exploité - et c'est très bien. Les émotions sont quand même là. Même si le lecteur est fixé sur le dénouement dès le début, l'appréhension lui noue le ventre et il avance un peu à reculons à certains moments. La tension monte au gré de l'échéance, et le lecteur est accroché tout au long du récit, aux pas des ces deux adolescents liés dans la mort. 

Carpe Diem. Si il y a bien quelque chose qui ressort de ce roman, c'est "Vis l'instant présent et profite-en". L'auteur touche par son écriture un corde sensible du lecteur, sa mort. Mais également il fait ressortir l'amour de la vie, et surtout l'amitié. Le lecteur va avoir beaucoup d'émotions au cours de cette lecture, en suivant les pas de ces deux adolescents qui doivent se préparer à mourir. Un récit triste mais lumineux. 

Je remercie les Éditions Robert Laffont et surtout toute l'équipe de La Collection R de leur confiance.