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24 septembre 2016

John irving - "L'oeuvre de Dieu, la part du diable".

Irving

IRVING John - "L'oeuvre de Dieu, la part du diable"

734 pages.

Éditions Points (2002).

«Le docteur Wilbur Larch ne met au monde que des enfants non désirés, qui trouveront rapidement des parents adoptifs. C'est là "l'oeuvre de Dieu". Mais ce gynécologue excentrique assume également la "part du Diable" en pratiquant l'avortement clandestin. Que faire lorsqu'un orphelin refuse de quitter l'orphelinat, son véritable foyer ? Entre le médecin aux deux visages et le jeune garçon rebelle, des liens vont se former.»
INCIPIT: "A l'infirmerie de l'orphelinat de Saint Cloud's, dans l'Etat du Maine - section garçons-, deux infirmières étaient chargées des noms aux nouveaux-nés et de vérifier que leur pénis cicatrisait bien après la circoncision de rigueur."   

6 - Bon moment de lecture

Comme à chaque fois, avec John Irving, je me prends une claque magistrale dans mon expérience de lectrice. C'est un auteur entier, avec une plume directe comme le contact du tapis dans une chute en plein combat de lutte, c'est tendre comme les poils d'un ourson qui n'a pas envie de se laisser approcher, c'est déjanté par bien des aspects, mais là je n'ai pas de comparaison tellement cela peut prendre une tournure totalement inattendue. C'est la patte d'Irving.  Il faut savoir que de ce roman existe une version filmée, avec Tobey Maguire et Charlize Theron, et Michael Caine, réalisée par Lasse Hallström.

La thématique de ce pavé porte sur l'avortement, vue par les deux personnages centraux de l'histoire, le docteur Larch, directeur de l'orphelinat, qui au travers de son expérience professionnelle et personnelle;  oeuvre selon les cas pour l'oeuvre de Dieu, ou la part du diable. Homer Wells, orphelin dès sa naissance, à une opinion plus tranchée sur le sujet, mais c'est en déroulant les différents fils de sa vie, que l'auteur va exposer sa pensée. 

Le lecteur suit la vie de Homer, d'abord à l'orphelinat, puis dans les différentes familles qu'il côtoie, et enfin dans sa vie personnelle d'adolescent et d'homme, qui mènera sa barque comme il l'entend, tout en gardait la marque de Saint Cloud's, son véritable foyer, quoi qu'il en pense. Car oui, un orphelinat peut devenir une famille, à défaut de quelqu'un d'autre. Le docteur Larch, l'âme de ce lieu, éduque d'ailleurs tout ces enfants non désirés à coup de "Jane Eyre" pour la section filles, et "Des grandes espérances" pour la section garçon. 

La seconde partie de la vie d'Homer se déroule, au coeur des vergers de pommiers, entre Wally l'ami, et Candy la femme de ce dernier dont il tombe éperdument amoureux. Ce triangle, même s'il paraît simple, va considérablement se complexifier aux vues des évènements à venir. Les sentiments d'amour sont très présents dans ce récit, l'amour sous toutes ses formes, et malgré des scènes parfois gores (il faut bien le dire vu le thème), les sentiments ne sont pas en reste, portés par des personnages forts et bien campés, mais aussi par l'auteur dont le lecteur ressent l'attachement pour cette histoire. 

Ce récit initiatique aborde des moments durent de la vie, l'avortement, l'abandon d'un enfant, la mort, le silence pesant du jugement, mais malgré tout cela, cette histoire est portée par l'amour, l'espoir, la famille. Pas celle dont on est issu génétiquement, mais la famille de coeur, celle que l'on se crée au fil du temps, celle d'des infirmières Edna et Angela pour tout ces orphelins qu'elles ont vu naître, celle du docteur Larch pour Homer et les enfants, celle de Melony, cette jeune fille blessée par la vie qui malgré ses épreuves touchera le bonheur du doigt, celle d'Homer enfin pour le bon vieil docteur Larch équivalent d'une figure paternelle, pour Wally & Candy la famille qui l'aidera à se trouver en tant que père.

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Au coeur de ce thème percutant, que l'auteur traite avec justesse et sans jugement personnel, le lecteur va découvre une famille de personnages auxquels il va irrémédiablement s'attacher, une histoire foisonnante, déjantée et tendre, une plume fluide. John Irving donne accès à un imaginaire captivant, que le lecteur regrette de quitter en refermant le livre. 
CITATIONS: "La peur sur leurs visages le hantera toujours - symbole  de ce qu'il ne parviendrait jamais à élucider: la grande ambiguïté des sentiments des adultes à l'égard des enfants. D'un côté le corps humain, si manifestement conçu pour désirer des enfants - de l'autre l'esprit humain, tellement obscur et confus sur la question."
"Ici à Saint-Cloud's, a écrit le docteur Larch, on m'a donné le choix entre jouer au bon Dieu ou bien abandonner à peu près tout au hasard. J'ai constaté que la plupart du temps, à peu près tout est abandonné au hasard; les hommes qui croient au bien et au mal, et qui estiment que le bien devrait triompher, feraient bien d'épier les moments où l'on peut jouer au bon Dieu - il faut les saisir au vol. Ils ne seront pas nombreux. (...) Ici à Saint-Cloud's, il y a peut-être davantage de moments à saisir au vol que dans le reste du monde, mais c'est seulement parce que tout ce qui vient par ici a déjà été abandonné au hasard."
"Parmi les orphelins, pensait Homer Wells, les mouettes sont supérieures aux corbeaux - non pas par leur intelligence ou leur personnalité, remarqua-t-il, mais par la liberté qu'elles possèdent et chérissent. Ce fut en regardant les mouettes qu'homer Wells perçut pour la première fois qu'il était libre."
"Quand on ment, on se sent responsable de sa vie. Mentir exerce beaucoup d'attrait sur les orphelins. (...) Quand on ment, on a l'impression de tromper le destin - son propre destin - son propre destin et celui de tout le monde."
"(...) il estimait que la sexualité n'avait pas grand chose à voir avec l'amour; que l'amour se concentre davantage se ressent mieux dans les moments de tendresse ou d'inquiétude."
 

abc2016

 

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Commentaires
S
J'aime ton article, il me replonge un peu dans le souvenir - pas si ancien - de ce roman que j'ai comme toi beaucoup aimé, touchée par l'humanité de ce docteur hors norme et - comme tu le soulignes - par la très belle vision donnée par Irving de ce qu'est une famille.
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