Victor Dixen - "Extincta"
DIXEN Victor - "Extincta"
601 pages.
Éditions Robert Laffont - R (2019).
« L'espèce humaine disparaîtra dans 255 heures. Les pires prédictions climatiques se sont réalisées, le Grand Effondrement a eu lieu et presque toutes les espèces animales se sont éteintes. Les Derniers Humains se sont réfugiés dans les Dernières Terres : un archipel rocailleux surgi des glaces, où ils survivent dans des cités-royaumes éparses. Accaparés par la lutte pour les maigres ressources, ils ignorent que l'ultime cataclysme est sur le point de balayer ce qu'il reste de l'espèce Homo sapiens. La dernière histoire d'amour s'écrira en lettres de feu. Née dans les bas-fonds de Viridienne, la cité-royaume pourrissante envahie d'algues, Astréa rêvait de se consacrer tout entière au culte de Terra. Mais sa foi vacille le jour où son frère est accusé de sacrilège et condamné à mort. Élevé derrière les remparts du castel, le prince Océrian était né pour régner. Mais un mystérieux accident lui arrache sa jambe et son honneur, l'écartant à jamais de la ligne de succession. Le destin va jeter ces assoiffés de justice l'un contre l'autre, embrasant leurs coeurs avant de consumer le monde. La flamme brûle plus fort juste avant de s'éteindre.»
INCIPIT: "L'espèce humaine s'éteignit un jour d'été, dans un monde où les saisons n'avaient plus de sens."
J'ai découvert la plume de Victor Dixen avec la saga "Phobos", dont le premier tome est juste excellent. L'univers de cette série est original et l'auteur touche un public jeune au travers de thématiques proches d'eux et tout à fait d'actualité. Ensuite, vint "Cogito" avec sa magnifique couverture et une fois encore, ce fut un très bon roman. "Extincta" est le dernier roman en date que j'ai lu. Comme le précédent, la couverture est une oeuvre d'art très travaillée et totalement dans le ton du roman.
L'espèce humaine est en voie d'extinction. Les derniers hommes vivent sur une terre reculée, entourée par l'hostilité de Terra. Chaque humain hérite à sa naissance du nom d'un animal. Ce dernier est plus ou moins haut dans la chaîne alimentaire, en fonction de la caste de l'humain. C'est ainsi qu'Astréa est tatouée d'une étoile de mer. Jeune suante, elle travaille comme ramasseuse d'algues. Mais son ambition est d'intégrer le culte de Terra et devenir une pleurante. Océrian est un des princes du royaume de Viridienne. Élevé derrière les remparts du Castel. Depuis son accident, il a été déchu de son rôle d'héritier. Laissé pour compte, il doit être envoyé dans un autre royaume pour épouser une princesse et apaiser les tensions entre les deux souverains. Mais les événements ne vont pas se dérouler comme prévu. Et Terra aura son mot à dire. Et même le dernier mot.
L'univers imaginé par Victor Dixen est dense et très abouti, intriguant en même temps que terrifiant. Le système de castes, l'histoire - toute à fait plausible, et même probablement en train de se dérouler sous nos yeux - des terracides, les hommes responsables de la disparition du règne animal et du dérèglement du climat. Même si l'ensemble est très abouti, le lecteur a tout à fait la place d'imaginer ces dernières Terre et la vie qui s'y déroule. Tout est bien pensé, et très réfléchi. D'ailleurs, le lecteur s'amusera à découvrir des vestiges du passé qui ressurgissent dans cette fin du monde ; et qui ont l'air totalement incongrus. Comme les vers de Baudelaire, qui sont un des fils rouges du récit.
Les personnages d'Astréa et Océrian sont intéressants. Les rôles sont inversés avec la domination physique de la jeune suante sur le prince. Elle est une force de la nature ce qui est étonnant, mais bien trouvé, car sans spoiler, le lecteur découvre que ce fait n'est pas anodin. L'auteur touche un thème sensible à travers ce roman à savoir l'extinction de l'espèce humaine. Il donne beaucoup à réfléchir et dresse un état des lieux tout à fait crédible. Le message sibyllin qui s'en dégage pourrait être : "Continuez comme ça, et voilà ce qui pourrait arriver. ".
Je remercie les Éditions Robert Laffont et surtout toute l'équipe de La Collection R de leur confiance. Victor Dixen frappe fort avec ce roman. Même si je n'ai pas réussi à m'y plonger à 100 %, son sujet principal ne peut laisser indifférent. Et l'on sent parfaitement que lui-même ne l'a pas été. Son travail est très abouti, davantage encore que ses romans précédents, et ce, jusque dans les moindres détails. L'idée de la bougie qui se consume est bien trouvée, de même que les petits noms en latin écrits au bas des pages... Une lecture qui interpelle.
EXCIPIT: "En attendant, dans le silence de la mort, nous veillons."