Neal Shusterman - "La faucheuse, tome 1".
SHUSTERMAN Neal - "La faucheuse".
493 pages.
Éditions Robert Laffont - R (2017).
« Les commandements du Faucheur : Tu tueras. Tu tueras sans aucun parti pris, sans sectarisme et sans préméditation. Tu accorderas une année d'immunité à la famille de ceux qui ont accepté ta venue. Tu tueras la famille de ceux qui t'ont résisté.»
INCIPIT: "Nous sommes tenus, par la loi, de conserver un trace écrite des innocents que nous tuons."
Neal Shusterman est déjà l'auteur de quelques séries reconnues dans le milieu comme "la trilogie des illumières" ou encore "Les fragmentés"; avec "La faucheuse", il met la barre encore un peu plus haute. La couverture, encore une fois, est tout simplement extra, avec une touche certaine de rétro et une pointe de propagande, en iconographie elle pourrait être intéressante à décryptée. ^^
Dès les premières pages, le lecteur est happé par cet univers dystopique, créé par Neal Shusterman. L'humanité, devenue immortelle, la vie doit être régulée d'une autre façon, tout aussi arbitraire que celle de Mère Nature, ainsi pour respecter cette tradition millénaire, la caste des faucheurs est apparue, pour prélever les vies afin de maintenir un équilibre naturel des forces. Désigné à la grande faucheuse, si vous résistez, toute votre famille y passera.
Bien sûr, comme dans tous les domaines, où les hommes ont leur mot à dire, la dérive n'est pas loin. l'Homme est un loup pour l'Homme, et cette maxime trouve toute son envergure ici. Car il y a des maîtres faucheurs "justes" mais il y en a d'autres qui ont pris goût à ôter la vie. Le lecteur suit deux héros, Citra et Rowan, apprentis désignés de Maître Faraday, pendant un an. A la fin de leur formation, un seul restera. Mais rapidement, rien ne se passe comme prévu, et rapidement, les enjeux deviennent bien plus importants et difficiles à atteindre qu'initialement.
Neal Shusterman, grâce à un postulat de départ ingénieux mais torturé, insiste le lecteur à réfléchir, sur l'équilibre entre vie et mort, sur l'immortalité, la violence gratuite qui ronge progressivement toute société moderne face à l'ennui, sur le respect de la vie et sur beaucoup d'autres choses. L'auteur va placer ses héros, et du même coup le lecteur, face à un choix cornélien. Et l'intrigue se corse davantage.
Neal Shusterman a pensé à tout en écrivant ce premier tome, totalement addictif, même si le schéma qui se profile entre les deux protagonistes principaux semble déjà vu, tout le reste est parfaitement orchestré, jusqu'au final qui - même s'il n'en avait absolument pas besoin - relance au centuple la curiosité du lecteur quant à la suite du récit. Heureusement, le second tome n'est pas loin.
Je remercie les Éditions Robert Laffont et surtout toute l'équipe de La Collection R de leur confiance.