Ingrid J. Parker - "L'énigme du paravent des enfers".

22 septembre 2015

Ingrid J. Parker - "L'énigme du paravent des enfers".

PARKER Ingrid J. - "Le paravent des enfers"

516 pages.

Éditions Belfond (2010).

«Après un exil tumultueux comme gouverneur de la lointaine province d'Echigo, Sugawara Akitada est autorisé à rentrer à la capitale, au chevet de sa mère. En chemin, un orage le force à se réfugier dans un temple bouddhique, où s'est abritée une troupe de théâtre. Cette nuit-là, la vision d'un paravent dépeignant les horreurs de l'enfer et un cri déchirant viennent troubler son sommeil. De retour chez lui, alors qu'il doit affronter le mépris de sa mère et innocenter son beau-frère accusé de vol, Akitada apprend avec stupeur que la jeune et belle épouse d'un marchand d'art a été assassinée au temple, cette fameuse nuit...
Antiquaires vieillissants, prostituées défigurées, peintres macabres, Akitada se retrouve bientôt pris au piège d'un nœud de trahisons et de crimes qui pourraient impliquer sa propre famille...»

INCIPIT: "Les ronflements derrière elle se transformèrent soudain en murmures indistincts."

C'est un vrai plaisir de retrouver Akitada parce que le lecteur au bout du cinquième tome, est vraiment attaché aux différents personnages - même si étant japonnais ils garent une certaine distance qui ne permet pas de sentir une réelle empathie comme celle que l'on peut ressentir pour un personnage passionné - mais aussi pour l'atmosphère du Japon médiéval, avec ses traditions et ses coutumes, que l'auteur fait revivre sous sa plume sans pour autant devenir professoral. Sans être féru de cette période, le lecteur retrouve ce qui caractérise le Japon à savoir le respect, la bienséance, l'importance de la hiérarchie, la promotion au mérite, etc.

"L'énigme du paravent des enfers" est un cran au dessus par rapport aux autres volumes de la série, d'une part parce qu'Akitada se retrouve enfin en poste à la Capitale, et qu'ainsi le lecteur découvre une autre façon de vivre. Mais surtout parce que l'intrigue est vraiment captivante, au point que le lecteur ne s'embrouille même pas avec les noms compliqués des personnages.

En plus de l'intrigue, dans laquelle le lecteur croisent des comédiens, des moines, des mères maquerelles, un psychopathe et se balade dans la cour des miracles (un peu Victor Hugo sur les bords), le personnage d'Akitada prend un peu d'étoffe, ou plutôt d'embonpoint. Sa psychologie complexe est un peu dévoilée par I. J. Parker, et cela fait du bien, et ravive l'intérêt pour ce dernier, que sa créatrice va encore une fois bien malmené. Le pauvre.

Le lecteur devient également plus intime dans la maison Sugawara. Le roman s'étoffe des relations familiales entre beaux-frères, mère acariâtre, soeurs, serviteur, parents, etc. Cela donne une dimension supplémentaire au récit, surtout en tenant compte de la période où se déroule l'intrigue, la gestion de l'affectif est bien différent de celui que nous connaissons.

L'intrigue est très bien ficelée, et complexe juste ce qu'il faut pour attiser - et maintenir - la curiosité du lecteur. C'est torturé, c'est le cas de le dire. ;) Private joke pour les (futurs) lecteurs de "l'énigme du paravent des enfers". Ce tome donne l'impression au lecteur, qu'Ingrid J. Parker rapproche le lecteur de son personnage, en entrant plus intimement dans sa vie à la capitale. Cela donne un nouveau souffle à la série.