"Fahrenheit 451" de Ray Bradbury, pp. 159 - Ed. Gallimard - 1992.
4ème de couv.
451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume.
Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif. Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d'un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l'imaginaire au profit d'un bonheur immédiatement consommable.
Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.
Première phrase.
"C'était un plaisir tout particulier de voir les choses rongées par les flammes, de les voir se calciner et changer."
Citations.
"Et la pendule vous dit l'heure, la minute et la seconde, dans une auréole pâle et silencieuse, vous annonce, avec toute la certitude de son savoir, sue la nuit s'écoule et s'enfonce dans les ténèbres mais s'avance en même temps vers un soleil neuf."
"Puis, très lentement, tout en marchant, il renversa la tête en arrière, dans la pluie, un bref instant, et ouvrit la bouche..."
"Le soleil brûlait tous les jours. Il brûlait le temps. Le monde tourbillonnait en rond, tournait sur son axe et le temps brûlait sans relâche les années et les êtres. Donc, si lui, Montag, brûlait les choses aux côtés des autres pompiers, et que le soleil brûlait le temps, tout finirait par être brûlé! L'un des deux devait s'arrêter."
"Montag les dévisageait tour à tour. "Ne jugez pas un livre à sa couverture, dit l'un d'eux."
Lilly's feeling.
Il m'a fallu un moment pour entrer dans l'histoire car les premiers instants de la vie quotidienne de Montag & sa femme manquent d'explications. Le lecteur débarque dans cet univers inconnu, et l'auteur le laisse appréhendé cette vie sans lui donné trop d'information. Ainsi il parle de coquillage, de radio-dé, de limier, de maison ignifugée... Hors même si le lecteur peut réfléchir par lui-même, quand trop d'éléments sont inexpliqués ça fait mal au cerveau. L''entrée dans le livre est rébarbative.
"Fahrenheit 451" se compose de deux parties, le Montag obéissant et aveugle et le Montag rebelle et réfléchissant par lui-même. A travers ce roman, l'auteur fait une critique ingénieuse (voire ironique?) de la société, plus qu'il ne tisse une intrigue. J'ai particulièrement aimé la scène de poursuite, qui m'a fait pensé aux poursuites des chauffards aux États-Unis, retransmises en direct à la télévision, et qui fascinent tout le monde. Jusqu'à maintenant, je n'avais pas compris pourquoi. Depuis cette lecture je le sais. Ce moment est fascinant car c'est un instant de rébéllion de la part d'un individu vis à vis de la société et de ses diktats.
Ray Bradbury critique l'impact notamment de la télévision sur la vie, et le manque de décision personnelle qu'elle engendre; mais pour cela il prend les éléments à rebrousse poil si l'on peut dire. Il transforme la littérature sous toutes ses formes en "péché". Toute personne prise à lire ou en possession d'un roman est brûlée car cela sous-entend qu'elle n'est pas sous l'emprise de la "société actuelle" et qu'elle réfléchit par elle-même. Mildred, la femme de Montag, est le prototype parfait de cette vision dictatoriale. Un vrai cobaye.
Bradbury utilise le personnage de Clarisse comme un déclencheur de l'introspection du héros. Elle représente tout ce que la société récuse: la liberté d'admirer la nature, de parler aux gens, d'apprécier la vie et le moment présent. Mais il n'approfondit pas cet aspect de l'histoire. Sans spoiler, j'aurai bien aimé que Montag en apprenne un peu plus sur cette jeune femme (qui disparaît comme elle est apparu).
C'est un roman vis à vis duquel il m'a fallu prendre du recul. Sur le coup, je ne l'ai pas trop apprécié. Je me suis même dit que je préférais "Chroniques martiennes", une de mes lectures précédentes de cet auteur. Mais finalement, après quelques jours de mijotage, je n'en suis plus si sûre. On verra bien si la note que j'attribue à la fin de mon billet est supérieure ou pas...^^
En bonus.
Une petite explication extraite de ma version lue de ce roman: "En brûlant les livres, le dictateur de "Fahrenheit 451" voulait supprimer toute trace de pensée autre que la sienne et supprimer de la mémoire des hommes l'ensemble des connaissance de tout ordre acquises depuis le début de l'humanité. Devant une telle situation, il ne restait plus aux opposants qu'à apprendre par coeurs les livres interdits, en encourant la privation de liberté ou pire encore au péril de leur vie."
En bref.
Un roman culte de science-fiction, mais moins dictatorial que "1984". Une critique de la société, pas si éloignée de la nôtre finalement. Un livre de culture générale à lire, mais pas inoubliable.
Pour en savoir plus sur l'auteur et sur le livre.
Mes compagnons de [LC]: Lizouzou, beL, Soundandfury, C'era una volta, Lectureetcie, Ramettes, Stupidgrin, Livrons-nous, Choulie, Dex, Kyeira, J.a.e_Lou, Piplo, Mack, Nelly17,