"La ligne verte", de Stephen King, pp. 509 - Ed. Librio - 1996.
4ème de couv.
Paul Edgecombe, ancien gardien-chef d'un pénitencier dans les années 30, entreprend d'écrire ses mémoires. Il revient sur l'affaire John Caffey - ce grand Noir au regard absent, condamné à mort pour le viol et le meurtre de deux fillettes - qui défraya la chronique en 1932.
La ligne verte est le reflet d'un univers étouffant et brutal, où la défiance est la règle. Personne ne sort indemne de ce bâtiment coupé du monde, où cohabitent une étrange souris apprivoisé par un Cajun pyromane, le sadique Percy Wetmore avec sa matraque et Caffey, prisonnier sans problème. Assez rapidement convaincu de l'innocence de cet homme doté de pouvoirs surnaturels, Paul fera tout pour le sauver de la chaise électrique.
Première phrase.
"Ça c'est passé en 1932, quand le pénitencier de l'Etat se trouvait encore à Cold Mountain. Naturellement, la chaise électrique est là."
Lilly's feeling.
C'est une des rares lectures, où le fait d'avoir vu le film avant ne m'a pas gênée. Au contraire. Les acteurs collent tellement à leurs personnages, le scénario au livre que s'en est même plus captivant. Les thèmes abordés sont sensibles et forts: la crise des années 30, le racisme mais aussi le couloir de la mort, les "traitements" infligés aux prisonniers, la peine de mort, ... Bien sûr, concernant cette dernière, le débat est différent puisqu'ici l'histoire se situe aux États-Unis où cette peine est toujours appliquée dans certains états. "La ligne verte" pousse le lecteur a se poser des questions, ainsi je n'ai pu m'empêcher de penser à des films comme "la vie de David Gale".
Pour un roman de Stephen King, "La ligne verte" est très différente de ce que l'auteur a pu écrire jusqu'à présent. Auteur phare du roman d'horreur, il s'attaque ici à un roman plutôt noir fantastique. L'histoire est paru sous la forme d'un roman feuilleton de six épisodes. L'écriture sous cette forme oblige l'écrivain a une certaine rigueur dans les rebondissements et la structure du récit.
La trame de base est classique, c'est-à-dire que cette histoire aurait pu réellement se dérouler dans ce pénitencier américain dans les années 1930. Progressivement, avec l'arrivée de John Caffey, le récit prend un tour légèrement irréel. L'atmosphère de ce pénitencier est particulière, j'avais la sensation - toute personnelle - que cette section du couloir de la mort ressemblait un peu à un foyer. Le monde extérieur devenant presque dangereux si l'un des détenus quittait ce bâtiment.
Les personnages sont très bien développés. J'ai eu un gros coup de coeur pour John Caffey. Michael Duncan, l'acteur qui l'incarne à l'écran fait très bien ressortir sa force physique mais aussi sa gentillesse voire sa fragilité. C'est assez paradoxal quand on y réfléchit d'ailleurs. Il y a aussi les personnages que l'on déteste comme le gardien Wetmore, un sadique de première celui-là! Stephen King est doué pour décrire des criminels (je pense particulièrement au cajun Delacroix) qui ont commis des actes horribles, et pousser le lecteur à s'attacher malgré tout à eux.
En bref.
Riche en émotions, c'est un récit touchant où cruauté et bonté se côtoient. Le lecteur ne peut rester indifférent. Un moment intense.
D'autres avis: Bambi_Slaughter, Luna, Walpurgis, Reveline, Aurelie., Tigrouloup.