Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Just one more page
12 novembre 2011

"Les quatre hollandais" de Sommerset Maugham, pp. 728 - Ed. Robert Laffont - 2011.

Maugham

          4ème de couv.

Comme la grande Patricia Highsmith a pu le dire, c'est dans ses nouvelles, davantage encore que dans ses romans, que Sommerset Maugham a donné la pleine mesure de son immense talent car elles semblent, ajoutait-elle, "englober toute l'espèce humaine en l'espace de quelques pages". Les histoires réunies ici se déroulent essentiellement en Malaisie avant la Seconde guerre mondiale. Au-delà de la tension dramatique qui les caractérise, elles évoquent un univers aujourd'hui disparu avec autant d'intérêt historique que de charme.

          Première phrase.

"L'hôtel Van Dorth n'avait rien de luxueux."

          Citations.

"Il en connaissait tous les aspects: à l'aube, quand la brume du fleuve le nimbait d'une gaze spectrale, puis dans toute la splendeur de midi, enfin dans le surgissement silencieux des ombres de la jungle, telle une armée en marche sur un sol étranger, avant que le silence nocturne ne vienne éteindre les vertes pelouses, les grands arbres à fleurs et les insolents canéficiers."

"Il avait de son existence une conception analogue à celle qu'il avait des mathématiques, elle se ramenait à un problème dont la résolution exigeait une intense concentration, mais dont la solution n'avait pas la moindre importance. Tout l'intérêt se situait dans la complexité et dans la finesse du raisonnement."

"(...) ne comptez jamais sur la gratitude d'autrui. Personne n'y a droit. Après tout, si vous faites le bien, c'est que cela vous fait plaisir. C'est la forme de satisfaction la plus absolue qui puisse être. Alors n'attendez pas des remerciements par dessus le marché! Si vous en recevez, considérez-les comme une prime, en plus des dividendes que vous avez déjà touchés."

"Les joueurs ont coutume de doubler la mise lorsqu'ils ne sont pas en chance, selon le principe qu'un mauvais jeu combiné à la malchance sera gagnant. Une pointe d'ivresse aide à parfaire cette déduction intellectuelle."

"Les cocotiers dégringolaient jusqu'au bord de l'eau, non pas alignés mais espacés de manière formelle et régulière. On aurait dit un ballet de vieilles filles délurées malgré leur âge, debout dans des poses affectées, minaudant et faisant des grâces comme dans l'ancien temps."

"La tragédie de l'amour, c'est l'indifférence."

          Lilly's feeling.

Je remercie sincèrement les Editions Robert Laffont & Livraddict pour m'avoir fait découvrir ce recueil de Somerset Maugham. Il est tout simplement génial. C'est le premier ouvrage de cet auteur que je lis, et à part dans une chanson de Souchon, je ne connaissais pas du tout cet auteur - qui eut un coup de coeur particulier pour la France où il est né - apparemment un grand nouvelliste. Je confirme. Malgré le fait que je ne sois pas une adepte de la "Nouvelle" - la considérant trop courte pour que le lecteur est le temps de s'immerger dans le quotidien des personnages et leur histoire - je reviens sur mon point de vue avec ce livre. "Les 4 hollandais" m'a vraiment enchantée.^^

Ce titre est tiré de la première histoire, qui n'est pas, selon moi la meilleure, mais qui permet de se plonger dans cette atmosphère désuète si particulière que décrit l'auteur tout au long de ces trente récits. La majorité d'entre eux se passent en Malaisie, à l'époque où les anglais étaient consuls et les européens des colons. Je précise "la majorité" car une nouvelle "La princesse Septembre" se distingue particulièrement du fait que ce soit un conte. Nichée au coeur du recueil, elle donne un nouveau souffle aux nouvelles et une bonne surprise à une fan des classiques des contes de fées. ^^

Somerset Maugham voit ses contemporains et la société en général, sous un angle un peu particulier. Il décrit "simplement" le quotidien de ses personnages, qui, inexorablement, de par leur caractère, leurs opinions ou leur classe sociale, se laissent entraîner vers l'inexorable. Il ne faut pas s'attendre à un récit plein de rebondissements ou de mystères, juste à la vie - qui peut se montrer très ironique voire cruelle - mais contée de façon remarquable. Maugham, par l'habileté de sa plume, rend intéressant même le simple fait de prendre un verre le soir sur la véranda du consul.

L'auteur traite de toutes sortes de thèmes, de l'amour à la haine, des classes sociales et des convenances, des coups du sort, du racisme, de l'argent, de la vertu, etc. Voici comme appât, une petit mise en bouche de quelques nouvelles:      

"Le sac de livres": Une soeur et son frère vivent heureux dans leur plantation jusqu'au jour où ce dernier doit se rendre pour affaire à Londres. Bientôt, il écrit pour dire qu'il est marié.

"Fait divers": Ou un beau postier amoureux d'une fille de condition plus élevée, est prêt à tout pour l'épouser. A tout? Enfin presque...

"Le cerf-volant": Un homme est en prison parce qu'il refuse de payer une pension à sa femme. Quelle raison avance-t-il? Elle a détruit son cerf-volant.

"Un mariage de raison": Comme quoi on peut-être près à tout pour obtenir un emploi.

Ah oui, il y a celle-là aussi.

"La lettre": Dans une plantation, un soir où elle est seule, une femme tue son voisin pour défendre sa vie et sa vertu.

Celle-ci m'a bien plu également...

"Le poste dans la brousse": Le résident, un personnage plutôt snob, vient accueillir son nouvel adjoint, un homme qui a toujours eu l'impression d'être traiter de haut par les classes supérieures de la société, et qui, du coup adopte cette attitude vis à vis des malais. C'est le début de la spirale infernale.

"Une passade": Le chef de district est appelé pour constater la mort d'un blanc, dans un taudis. Même sa maîtresse chinoise ne connaît pas son nom, seul un magnifique briquet en or et un paquet de lettres sont retrouvés dans ses effets.

Il y en a trop que j'ai aimé!! Une petite dernière et après promis j'arrête.

"Neil MacAdam": où l'auteur montre les effets de la vertu en conditions extrêmes.

          En bref.

Je conseille cette lecture dépaysante et intemporelle. La collection Pavillons Poche est très agréable et l'auteur m'a enchantée, c'est donc avec un grand plaisir que je lirai un, voire les trois autres recueils de nouvelles de Maugham, selon la générosité du Père Noël. ^^

          D'autres avis sur les trois autres tomes de la collection : "Les trois grosses dames d'Antibes", "Madame la Colonelle", "Mr Ashenden, agent secret".

          Pour en savoir plus sur l'auteur.

          Note          étoileétoileétoileétoileétoileétoileétoileétoileétoile

Logo Robert Laffont    &    livraddictlogo

63977422_p

Publicité
Publicité
Commentaires
L
@ Cajou:<br /> Ce n'est que mon opinion, mais j'ai beaucoup aimé. Je pense que tu pourrai trouver quelques nouvelles sympa sur lesquelles travailler. Merci de ton passage. ^^
Répondre
C
Je travaille beaucoup à partir de nouvelles avec mes élèves alors je pense que je vais m'offrir celui-ci tant tu en dis du bien !<br /> Merci pour la découverte :)<br /> <br /> Cajou ^^
Répondre
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 243 947
Publicité