Margaret Atwood - « L'odyssée de Pénélope »

ATWOOD Margaret - « L'odyssée de Pénélope »

208 pages.

Éditions Robert Laffont (2022).

« " Depuis toujours nous étions tous deux, de notre propre aveu, des menteurs émérites et éhontés. " Ainsi Pénélope évoque-t-elle le couple qu'elle formait avec Ulysse - Pénélope qui, comme son époux, recourut à la ruse et à l'artifice pour sauver sa vie. Selon Homère, Ulysse à son retour de Troie massacra tous les prétendants à son trône qui, en son absence, avaient courtisé son épouse. Mais il fit aussi pendre les douze servantes de Pénélope qu'il accusa de l'avoir trahi. Dans cette relecture originale du mythe grec que nous propose Margaret Atwood, Pénélope, hantée par la mort de ses servantes, raconte depuis les Enfers sa propre version de l'histoire, celle d'une femme, d'une épouse, d'une mère et surtout d'une reine bien plus lucide et plus forte que ce que les hommes ont voulu croire jusqu'à aujourd'hui. »

INCIPIT: « C'est par l'Odyssée d'Homère qu'on connaît le mieux le récit du retour d'Ulysse dans son royaume d'Ithaque après une absence de vingt ans. »

Deux éléments que j'aime beaucoup sont réunis dans ce livre, la collection Pavillons Poches et la plume de Margaret Atwood, dont j'ai bien entendu lu « La servante écarlate » pour son plus célèbre roman, mais il n'y a pas que celui-là : « Captive », mais aussi des poèmes comme « Circé et autres poèmes de jeunesse ». J'en parle ici, car la magicienne Circé est célèbre dans la mythologie grecque, de même que l'épouse d'Ulysse, Pénélope. Quelle transition !

Pénélope est morte, vive Pénélope ! Des enfers, la reine et épouse d'Ulysse raconte sa vie au lecteur, depuis sa naissance à Sparte jusqu'à son arrivée chez Hadès. Et la belle n'a pas attendu son héros les bras croisés. Il est vrai que dans le récit d'Homère, Ulysse prend bien son temps pour rentrer chez lui : vingt ans, rien que ça ! Mais qu'à fait son épouse pendant ce temps-là ?

Margaret Atwood a eu la bonne idée de se mettre à la place de cette femme qui semble tout à fait passive au travers de tous les récits olympiens. En un sens, elle est tout de même courageuse de patienter ainsi, mais l'auteure se demandait tout de même comment elle avait occupé son existence. En se basant sur ce qu'Homère laisse transparaître, associé à la logique et à l'époque, l'auteure dresse un portrait plus précis de cette héroïne, car s'en est une, à travers sa vie.

Dès les premières pages, Ulysse semble un personnage captivant que tout le monde respecte, mais petit à petit, sa femme apprend à le connaître, malgré le peu de temps qu'ils vont passé ensemble comparer aux 20 années où il sera absent, se baladant à travers les mers. Margaret Atwood le fait d'ailleurs passé pour un homme rusé, séducteur, un brin filou, très sûr de lui et qui aime s'écouter parler. Cette dernière a d'ailleurs trouvé une manière ingénieuse de laisser filtrer les principaux épisodes des aventures d'Ulysse un fil des pages de son histoire. 

Je remercie les Éditions Robert Laffont de leur confiance. La plume de Margaret Atwood retraçant l'histoire de la patiente Pénélope est une autre façon plutôt originale de s'immicer dans l'odyssée d'Homère. Peut-être réitèrera-t-elle une nouvelle immersion dans la mythologie grecque à travers les yeux d'une autre femme attendant des nouvelles d'un héros mythologique (Persée pourquoi pas), qui sait ? 

EXCIPIT - « Elles ont l'apparence de hiboux.»