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18 septembre 2021

E. M. Forster - « Avec vue sur l'Arno »

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FORSTER E. M. - « Avec vue sur l'Arno »

368 pages.

Éditions Robert Laffont (2020).

« « D’un pas alerte ils avancèrent dans le taillis de plus en plus épais. Le bord du promontoire était maintenant tout proche et l’ample paysage rôdait à leur entour, mais morcelé par le réseau brun des branchages. Sans oublier un instant son cigare, il gardait courbés pour elle les rameaux flexibles. Elle jouissait de son évasion hors de la grisaille : nul pas, nulle branche, ne lui demeuraient indifférents. » Miss Bartlett ne s’en remet pas : pour son premier voyage à Florence, sa jeune cousine Lucy devait bénéficier d’une chambre avec vue. Comment la tenancière de leur pension a-t-elle pu si cruellement les décevoir ? Tandis que la jeune fille et son chaperon accusent ce terrible coup, M. Emerson et son fils George, également pensionnaires, ont l’impertinence de proposer leurs propres chambres qui, elles, donnent sur l’Arno. Son éducation prévient Lucy contre les Emerson, mais son instinct lui suggère que le mal n’est pas grand… Avec finesse et humour, E. M. Forster livre ici une délicieuse satire des préjugés et convenances qui contraignent les affinités naturelles. Au monde terne et étriqué de la bienséance, côté cour, s’oppose l’évasion promise par cette fameuse vue. Le récit du combat intérieur que mène Lucy pour affirmer ses désirs est une ode délicate et sensible à la liberté. »

 

INCIPIT - « La signora n'avait pas le droit de nous faire ça, dit Miss Bartlett, - non, pas le droit. »

 

E. M. Forster de son nom complet Edward Morgan Forster, est un célèbre auteur anglais. Il est notamment connu pour son roman « Howards end » ou encore « Maurice » qui fut édité à titre posthume selon la demande de l'auteur, son thème principal étant l'homosexualité. Les romans d'E. M. Forster ont atteint le grand public surtout par le biais du cinéma. 

Miss Honeychurch est en voyage à Florence en Italie, sous le chaperonnage de la cousine de sa mère, Miss Bartlett. Alors qu'elles arrivent à la pension de famille où elles doivent loger, elles n'ont pas la chambre escomptée donnant sur l'Arno. Les occupants, M. Emerson et son fils Georges, leur proposent d'échanger. C'est ainsi que les Emerson entre dans la vie de Lucy. 

E. M. Forster se fait un plaisir de jouer avec les codes sociaux et de s'en amuser. La cousine Miss Bartlett, en est un bel exemple. Lucy est une jeune femme moderne, que le carcan de la société et des convenances étouffent. Elle a ses propres aspirations, mais lutte avec coeur pour rentrer dans le moule. Chose qui n'est pas si facile que cela en a l'air. L'auteur marque d'ailleurs nettement la différence de statut entre hommes et femmes. Georges est le pendant de cette jeune femme. C'est un esprit libre, élevé dans une famille à la vision plus moderne, mais de conditions plus modestes. D'ailleurs, son père est un journaliste à la retraite. Le poids des conventions est le thème central de ce récit.

Beaucoup parle de l'humour de l'auteur, mais le lecteur ne le ressentira pas au sens large du terme. C'est un humour anglais, feutré. Il faut sourire avec sobriété, le mouchoir sur les lèvres. La seule scène qui aurait mérité une plus grande mise en valeur, arrive sans prévenir, et se termine aussi vite qu'elle a commencé. Elle est la source de tout, et en même temps le lecteur se demande si il a vraiment lu ce qu'il a lu. Du coup, il relit une seconde fois la page pour être sûr. 

 

étoileétoileétoileétoileétoile

 

Je remercie les Éditions Robert Laffont de leur confiance. Cette critique feutrée de ces conventions sociales encombrantes n'est pas sans rappeler les écrits de Jane Austen, mais pas sous le même règne bien entendu. L'ensemble ressemble a un sourire caché derrière un éventail, ou l'on aperçoit juste le plissement ironique des yeux. Il serait intéressant maintenant de regarder le film de James Ivory avec Helena Bonham Carter et Daniel Day-Lewis. 

 

                         

EXCIPIT - « Ils écoutèrent gronder le fleuve emportant les neiges d'hiver à la Méditerranée. »

 

 

 

Robert Laffont

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