Agatha Christie - "La maison biscornue"

CHRISTIE Agatha - "La maison biscornue".

254 pages.

Éditions Librairie des Champs Elysées (1979).

«Sous la domination d'un aïeul tyrannique, une étrange famille habite cette maison biscornue : deux fils, deux belles-filles, trois petits-enfants, une vieille tante... Mais aussi la toute jeune seconde épouse du grand-père et le précepteur qui pourrait bien être son amant... Puis le grand-père meurt, qui peut bien l'avoir tué ? La seule personne qui semble avoir une idée précise sur la question c'est Joséphine, douze ans. Joséphine a des idées sur tout. Y compris sur l'art dramatique, les motivations des criminels et l'art d'empoisonner les gens. C'est un petit monstre très sympathique.
Et il faut être attentif aux petits monstres.»

INCIPIT: "Haletante, Mrs McGillicuddy s'efforçait de suivre l'homme d'équipe qui dans le hall de la gare de Paddington portait sa valise : la digne dame était petite et sujette à l'embonpoint, tandis que, de haute taille, le préposé aux bagages marchait à pas de géant." 

Je m'accroche. Toujours sur l'instigation Mybookvision que je suis sur Instagram, je participe au challenge Agatha Christie. Pour ce mois d'octobre, après "Le train de 16 h 50" qui ne m'avait pas trop plu, j'ai dévoré "La maison biscornue". Il faut savoir qu'Agatha Christie aimait beaucoup les vieilles ritournelles et autres comptines, et qu'elle a basé plusieurs de ses romans sur quelques unes d'entre elles. "La maison biscornue" ne fait pas exception, et c'est un vrai délice. 

Le narrateur rentre de plusieurs années de travail à l'étranger. Il y a retrouvé sa future femme avec qui il a rendez-vous. Seulement le grand-père de cette dernière vient de décéder de façon non-naturelle. Étrangement, la jeune femme, n'avait pas parlé de sa famille à son futur, qui se trouve plonger au coeur de cette grande famille un peu biscornue, parmi les membres de laquelle se cache un assassin. 

Agatha Christie a écrit plusieurs romans ne mettant en scène aucun de ses personnages stars. Donc ici, pas de Hercule Poirot ni de Miss Marple en perspective. Lorsque l'autrice fait ceci, en général ses romans sont soit très bons, comme par exemple "La plume empoisonnée" - selon moi - soit mauvais car sur fond d'espionnage - toujours selon moi. Ce roman est juste excellent. L'ayant déjà lu, il y a fort fort longtemps, le lecteur peut se souvenir de l'identité du coupable, mais le mystère de la résolution et des différents mécanismes psychologiques des personnages restent une totale découverte, et cela se révèle totalement délectable et mystérieux.

Étant donné le grand nombre de membres de cette famille aux personnalités plutôt atypiques, le lecteur ne cesse de s'interroger, d'observer les faits et gestes de chacun, d'étudier les petits indices que l'autrice sème astucieusement au fil des pages. Les détails du dénouement sont juste percutants. Le lecteur reste complètement abasourdi, et avec le recul, il est d'autant plus interloqué par cette fin pleine de panache et d'abnégation et percutante.

Ce roman est un de mes préférés, et je me souviens maintenant pourquoi. Attention toutefois à certaines quatrième de couverture qui sont beaucoup trop bavardes et spoilient une bonne partie de l'intrigue. C'est plus que crispant. Un très bon Agatha Christie qui ne laisse pas le lecteur indemne. Je retourne dans ma lecture actuelle "Le vallon" qui présente le même cas que celui-ci, à savoir que j'ai déjà lu ce roman. Je me souviens du nom du coupable, mais je vais pouvoir apprécier une nouvelle fois l'astuce et l'intelligence de l'autrice. ^^

 EXCIPIT - "Et je suis presque certaine de ne pas me tromper."