Camille Pascal - "La chambre des dupes"

PASCAL Camille - "La chambre des dupes"

512 pages.

Editions Plon (2020).

«Après L’Été des quatre rois, couronné par le Grand Prix du roman de l’Académie française, Camille Pascal plonge le lecteur, dans ce roman de la Cour de Louis XV, au cœur des intrigues amoureuses, des cabales d’étiquette et des complots politiques d’un monde qui vacille. Première sélection du Prix Goncourt 2020. Camille Pascal nous fait entrer de plain-pied dans le Versailles de Louis XV pour y surprendre ses amours passionnés avec la duchesse de Châteauroux. Subjugué par cette femme qui se refuse pour mieux le séduire, le jeune roi lui cède tout jusqu’à offrir à sa maîtresse une place qu’aucune favorite n’avait encore occupée sous son règne. Leur histoire d’amour ne serait qu’une sorte de perpétuel conte de fées si Louis XV, parti à la guerre, ne tombait gravement malade à Metz… La belle Marie-Anne – adorée du roi, jalousée par la Cour, crainte des ministres et haïe par le peuple – devra-t-elle plier brusquement le genou face à l’Église et se soumettre à la raison d’État ?»

INCIPIT -  "Le masque de la mort intriguait toujours le roi, mais le voir se poser ainsi sir le visage de sa maîtresse l'affligeait sincèrement, car sa Majesté n'aimait pas souffrir. "

Camille Pascal n'est autre que l'auteur de "L'été des quatre rois" couronné l'été dernier avec le prix du roman de l'Académie française. Avec ce roman-ci, il reste dans la royauté avec cette fresque autour du roi Louis XV et de sa vie amoureuse.

Louis le bien-aimé vient de perdre sa maîtresse, morte en couches. Déprimé, il rencontre la plus jeune soeur de cette dernière, et tombe sous son charme. Mais la jeune femme, belle et futée, se fait désirée et veut des garanties avant de céder au roi. Mais la belle finit par accorder ses faveurs et à succéder dans le lit royal à deux de ses soeurs. Ainsi commence la carrière de favorite de la Duchesse de Chateauroux.

Malgré sa timidité, le roi Louis XV est un grand séducteur et un homme attachant. Plusieurs favorites marquèrent son règne, et même une sororité si l'on veut aller au bout des choses. C'est ainsi qu'à travers ces lignes, Camille Pascal plonge le lecteur au coeur de l'intimité royale, dans la relation qu'entretint avec la Marquise de la Tournelle. Il faut dire que le souverain a été gourmand sur ce coup-là car il sortit avec quatre des cinq soeurs de la famille Mailly-Nesle. Durant ces trois années, la belle duchesse montera au plus haut, mais la chute sera d'autant plus grande.

Avant la célèbre Madame de Pompadour, la belle Marie-Anne fit battre le coeur de Louis XV et médire le peuple face à ces amours scandaleuses. L'époque était la proie a la médisance, l'hypocrisie et les réputations se faisaient et se défaisaient en un tour de main. Cette période de libertinage était propice aux intrigues de cour, et les alliances éphémères étaient monnaie courante pour faire tomber les têtes. 

Camille Pascal, d'une plume très travaillée et dans un style adéquat à celui de l'époque, relate sur cette courte période, l'histoire d'amour du roi et de la plus jeune des sœurs. Cette dernière est soutenue et guidée dans cette guerre de cœur par le duc de Richelieu, son oncle. Ce grand séducteur n'est pas totalement désintéressé dans cette aventure dont il espère recueillir quelques bénéfices pendant qu'il est encore temps. Cette vie quotidienne à Versailles s'appuie sur une recherche documentaire minutieuse, et s'étaille de nombreuses archives et autres correspondances, dont l'auteur a su tiré la substantifique moelle.  

Je remercie les Éditions Plon de leur confiance et l'auteur pour la dédicace qu'il a bien voulu m'offrir. Ce roman historique est relaté avec force détails, ce qui donne parfois quelques longueurs mais l'ensemble est captivant. Tout amoureux de l'Histoire de France se fera un plaisir de lire ce récit et appréciera cette plongée dans les méandres sulfureux de la cour du roi Louis XV. Pauvre Marie Leszczynska. 

EXCIPIT - "Monsieur, puisque vous connaissez si bien mes faiblesses, priez Dieu pour qu'il me les pardonne."