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26 février 2020

Tennessee Williams - "La ménagerie de verre".

33

WILLIAMS Tennessee - "La ménagerie de verre".

208 pages.

Éditions Robert Laffont (2019).

«La Ménagerie de verre est une « pièce de la mémoire », dit Tennessee Williams. « Mémoire » que l’on peut interpréter à la fois comme le souvenir d’un temps passé et l’hommage à une personne. Et en effet, construite en sept scènes, cette pièce s’inspire du vécu de Thomas (dit Tennessee) dans les années 1930 et témoigne surtout de son amour infini pour sa soeur, à laquelle il redonne humanité par ce texte. Dans la mémoire de Tom se rejoue devant nos yeux un passé familial qui le hante, entre une mère obsédée par sa jeunesse perdue et une soeur maladivement fragile, qui collectionne les animaux miniatures, constituant ainsi sa plus précieuse possession : une ménagerie de verre.»

 

 

"Je vais vous étonner." INCIPIT

 

Seconde découverte, après "La chatte sur un toit brûlant", d'une oeuvre du célèbre dramaturge américain, Tennessee Williams. Cette courte pièce de théâtre fut celle qui propulsa l'auteur sur le devant de la scène. La préface de Catherine Fruchon-Toussaint éclaire d'un jour particulier cette oeuvre chère au coeur du dramaturge.

Dans les années 30, à Saint-Louis, Amanda vit dans un petit appartement auquel on accède par une échelle à incendie, en compagnie de ses deux grands enfants. Tom, le narrateur, travaille à l'usine; et Laura sa soeur, très introvertie et handicapée, qui s'occupe de sa ménagerie de verre. Le père a quitté le foyer il y a longtemps pour partir sur les chemins en quête de nouveaux horizons. Amanda vit dans ses souvenirs de jeune fille du Sud, très courtisée à l'époque. Tom étouffe et rêve de plus grand. Tous deux s'inquiètent pour Laura. Jusqu'au soir où Tom vient dîner accompagné d'un collègue, que Laura a connu sur les bancs de l'école. 

Ce huis-clos, une fois chaque protagoniste mis en place, devient très rapidement étouffant. L'atmosphère y est pesante, et la petite vie que cette famille mène est presque misérable tant elle est monotone et sans espoir. Pourtant, il y a en  Tom des espoirs et des rêves, mais l'inquiétude maternelle pour l'avenir de ses enfants écrase tout sur son passage. Cela devient vite oppressant. 

Au milieu de tout cela, Laura ressemble à une fragile fleur blanche, presque asociale tant sa timidité la dévore; est aussi délicate que ces petits animaux de verre qu'elle nettoie avec obstination et maniaquerie. Angoissée de la vie, à cause de ce handicap qu'elle traîne et qui la rend tellement différente à ses yeux, qu'elle se considère presque comme une "pestiférée". Alors l'arrivée de ce Jim, est comme une bouffée d'air frais, une grande goulée d'espoir d'enfin sortir de ce cercle vicieux qui les mène à leur perte. L'ami de son frère, qu'elle a connu au cours de chant, n'est d'ailleurs pas n'importe qui...

Tom - qui n'est autre qu'une représentation assez proche de l'auteur - raconte ses souvenirs à travers cette pièce. Il vouait un culte à sa soeur Rose, qui était schizophrène et rompit avec sa famille lorsque celle-ci fut internée et "soignée". Cette pièce est une sorte d'hommage. Le lecteur, au début curieux, va rapidement être enserré dans cette atmosphère lourde de tensions, qui devient progressivement de plus en plus étouffante. Etrangement, on ne s'en rend pas vraiment compte sur le moment. Puis vient la bouffée d'air frais et le terrible espoir que représente Jim, le collègue du narrateur. Et comment parler du dénouement de la pièce sans se spoiler...

 

"La ménagerie de verre" est l'une des pièces les plus connues de Tennessee Williams; mais comme "La chatte sur un toit brûlant", elle véhicule  une atmosphère pesante et un mal-être face auxquels le lecteur a envie de prendre ses jambes à son cou.  La solitude des êtres est très prégnante, et semble un sujet récurrent de l'auteur. Je quitte cette pièce emprunte d'un certain malaise et en ayant envie de lire quelque chose de plus lumineux. Je remercie les Éditions Robert Laffont de leur confiance.

 

étoileétoileétoileétoile

 

EXCIPIT   "Eteins les bougies, Laura - et adieu." 

 

              Robert Laffont              

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