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30 janvier 2020

Yannick Grannec - "Les simples".

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GRANNEC Yannick  - "Les simples"

446 pages.

Éditions Anne Carrière (2019).

«1584, en Provence. L’abbaye de Notre-Dame du Loup est un havre de paix pour la petite communauté de bénédictines qui y mène une existence vouée à Dieu et à soulager les douleurs de Ses enfants. Ces religieuses doivent leur indépendance inhabituelle à la faveur d’un roi, et leur autonomie au don de leur doyenne, soeur Clémence, une herboriste dont certaines préparations de simples sont prisées jusqu’à la Cour. Le nouvel évêque de Vence, Jean de Solines, compte s’accaparer cette manne financière. Il dépêche deux vicaires dévoués, dont le jeune et sensible Léon, pour inspecter l’abbaye. À charge pour eux d’y trouver matière à scandale ou, à défaut… d’en provoquer un. Mais l’évêque, vite dépassé par ses propres intrigues, va allumer un brasier dont il est loin d’imaginer l’ampleur. Il aurait dû savoir que, lorsqu’on lui entrouvre la porte, le diable se sent partout chez lui. Évêque, abbesse, soigneuse, rebouteuse, seigneur ou souillon, chacun garde une petite part au Malin. Et personne, personne n’est jamais aussi simple qu’il y paraît.»
  

 

"Fais moi la pluie, dit Fleur." INCIPIT

 

Voici le nouveau roman de l'autrice de "La déesse des petites victoires" dont j'ai beaucoup entendu parlé mais que je n'ai pas eu l'occasion de lire. Le récit se déroule en Provence, durant le Moyen-âge, au coeur d'une abbaye de bénédictines. Dès qu'un roman aborde le thème des religieuses, je ne peux m'empêcher de penser à "Une autre idée du silence" de Robyn Cadwallader. Captivant et joliment étayer de proverbes, de recettes à base de simples, de poésie.

Les louventines vivent paisiblement au coeur de l'abbaye de Notre Dame du Loup. Uniquement gérée par des femmes, le lieu bénéficie de revenus que le cupide nouvel évêque Monsieur de Solines, convoite. Envoyant ses émissaires pour voir ce qu'il peut glaner, il déclenche une guerre intestine, dans laquelle la Mère abbesse Marie-Vérane ne compte pas rester spectatrice.

D'une plume délicate et documentée, l'autrice plonge le lecteur à sa suite dans ce Moyen-Âge, où la place de la femme n'est pas encore faite et ne vaut pas plus aux yeux d'un homme qu'un esclave mâle. C'est cette pression et ce mépris pour le sexe faible que les bénédictines vont ressentir. Le couvent bénéficie d'un statut particulier et intouchable, que le prélat ambitieux compte bien remettre en cause. Car ce nouvel évêque en plus d'être ladre ne pense faire qu'une bouchée de pain de ces pauvres femmes. Il est d'ailleurs impensable pour lui qu'une femme gère une abbaye, et profite des revenus qui devraient être les siens. Cet évêque épicurien et jouisseur des bontés de la vie sous toutes ses formes ne va pourtant pas tarder à changer ses objectifs, rattraper par la main de Dieu. 

Malheureusement le mécanisme est enclenché. Progressivement, la tension monte dans cette intrigue parfaitement structurée, dans laquelle le lecteur va prendre plaisir - et parti - à suivre les différents personnages comme le jeune vicaire Léon de Sine, la doyenne Soeur Clémence - qui cache quelques surprises au lecteur - ou encore la mère abbesse, dont les caractères sont finement analysés. C'est avec curiosité que l'on suit la vie bien réglée et hiérarchisée de ce lieu de culte, dans lequel ces femmes - qui n'ont pas toutes choisi d'être là - ont des tâches bien précises et une journée réglée comme du papier à musique. Mais comme chacun sait, une communauté de femmes est souvent aux prises avec les commérages et les luttes de pouvoirs, et tout ceci pourrait causé la perte de toutes. 

Le roman tire son titre de l'utilisation récurrente que fait soeur Clémence, herboriste, des simples, ces plantes médicinales très utilisées par le passé - et qui reviennent progressivement à la mode de nos jours -  pour soigner toutes sortes de maux, avant l'arrivée de la médecine moderne. C'est très intéressant, et le lecteur découvre ainsi les vertus de plantes tout à fait communes - pour la plupart - dont les effets sont utiles à l'homme. Mais - encore une fois - l'Homme est un loup pour l'Homme et le dénouement est emprunt d'un grand malaise que le lecteur va ressentir sans discontinuer. 

 

"Ou brûlée, personne ne l'a jamais su." Excipit

 

 

C'est d'une plume simple et délicate, parsemée de dictons et autres poèmes, que Yannic Grannec entraîne le lecteur au coeur du Moyen-Âge, dans une société de louventines en péril; guettées par le grand méchant loup, le cupide évèque, Monsieur de Solines. Les chapitres, alternant les points de vue, insuffle un certain rythme à ce récit historique passionnant et bien documenté. Cela donne envie de découvrir l'oeuvre précédente de l'autrice. La curiosité est réveillée...
 Je remercie les Éditions J'ai Lu et l'équipe de Lecteurs.com de leur confiance.

 

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lecteurs          anne carrière

 

 

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