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13 février 2020

Laurent Gaudé - "Salina, les trois exils".

Gaudé

GAUDE Laurent - "Salina, les trois exils".

160 pages.

Éditions Actes Sud (2018).

« Qui dira l’histoire de Salina, la mère aux trois fils, la femme aux trois exils, l’enfant abandonnée aux larmes de sel ? Elle fut recueillie par Mamambala et élevée comme sa fille dans un clan qui jamais ne la vit autrement qu’étrangère et qui voulut la soumettre. Au soir de son existence, c’est son dernier fils qui raconte ce qu’elle a été, afin que la mort lui offre le repos que la vie lui a défendu, afin que le récit devienne légende. Renouant avec la veine mythique et archaïque de La Mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé écrit la geste douloureuse d’une héroïne lumineuse, puissante et sauvage, qui prit l’amour pour un dû et la vengeance pour une raison de vivre.»

INCIPIT: "Au tout début de sa vie, dans ces jours d'origine où la matière est encore indistincte, où tout n'est que chair, bruits sourds, pulsations, veines qui battent et souffle qui cherche son chemin, dans ces heures où la vie n'est pas encore sûre, où tout peut renoncer et s'éteindre, il y a ce cri, si lointain, si étrange que l'on pourrait croire que la montagne gémit, lassée de sa propre immobilité. " 

6 - Bon moment de lecture

J'aime particulièrement la plume de Laurent Gaudé, que j'ai découvert avec le roman "Sous le soleil des Scorta" que j'ai tout simplement adoré. Son écriture est dense, vivante, entière. Alors lorsque l'on a laissé traîné sur une table pas loin de moi ce roman, mon oeil n'a pu résister à la lecture de la quatrième couverture, et voilà que je me suis retrouvée à lire ce court mais poignant roman de moins de 200 pages. 

Salina est une femme qui a eu trois fils et plusieurs vies. Son destin fut grand mais tragique. C'est son dernier fils, Malaka, qui raconte son histoire alors qu'il l'accompagne vers sa dernière demeure, l'île Cimetière. Il ne reste plus que ce corps, vide des larmes qu'elle a tant verser. Dès sa naissance d'ailleurs où elle aurait peut-être mieux fait d'être dévorée par les hyènes, mais le bon coeur de Mamambala a eu raison du pire. Et c'est là que commence le récit de Malaka, alors qu'il vogue vers cette nécropole en compagnie du passeur, et dont les portes s'ouvriront ou pas pour recevoir le corps de Salina.

Le récit de Laurent Gaudé transporte de lecteur, en un instant, dans une histoire à la dimension tragique, au coeur d'une vie tribale, brûlée par le soleil. Le destin d'une femme forte qui refuse de se soumettre aux règles du clan. Et qui va le payer cher, très cher même. Mais c'est le prix de la liberté de son âme et de son espoir souvent déçu. Cette vie entourée d'hommes forts et sauvages, et de femmes soumises. 

La dimension mythologique de cette histoire est captivante, et l'auteur en joue avec finesse et adresse. Il tisse une vie faite de combats et de résistance, une vie douloureuse portée par une femme sauvage et déterminée. Une femme, qui a force de brimades et de violences subies va nourrir une soif vengeresse. L'auteur se veut tantôt épique, tantôt magnifique à travers ce portait bouleversant de volonté, transmise par ce héraut. Hors, et ce n'est sûrement pas anodin, la transmission orale et les conteurs sont une part importante de la survie de l'Histoire africaine.   

 

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Comme d'habitude, Laurent Gaudé offre ici le portrait puissant d'une femme intransigeante et forte qui fera tout pour conquérir sa liberté et s'enfuir du carcan de soumission de son clan. Sa vie fut douloureuse et Salina n'en ressort que plus forte. Un texte qui emporte le lecteur vers cette nécropole mystérieuse, cernée par les eaux. 

 

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