Elizabeth Acevedo - "Signé poète X".

ACEVEDO Elizabeth - "Signé poète X"

377 pages

Éditions Nathan (2019).

« Dans un monde qui ne veut pas l’entendre, elle refuse de rester silencieuse. Harlem. Xiomara a 15 ans et un corps qui prend plus de place que sa voix : bonnet D et hanches chaloupées. Contre la rumeur, les insultes ou les gestes déplacés, elle laisse parler ses poings. Étouffée par les préceptes de sa mère (pas de petit ami, pas de sorties, pas de vagues), elle se révolte en silence. Personne n’est là pour entendre sa colère et ses désirs. La seule chose qui l’apaise, c’est écrire, écrire et encore écrire. Tout ce qu’elle aimerait dire. Transformer en poèmes-lames toutes ses pensées coupantes. Jusqu’au jour où un club de slam se crée dans son lycée. L’occasion pour Xiomara, enfin, de trouver sa voix.»

Voici un roman original et à part, poétique avec une superbe couverture qui intrigue - le lecteur ne sait pas à quoi s'attendre car sage comme il est il ne lit plus les 4èmes de couverture, donc surprise totale - et qui inspire - car dès cette couverture on sent que la révolte gronde, la rébellion et la lutte sont sous-jacentes. Et en effet...

Xiomara est une adolescente qui ne sait pas bien où elle en est. Étouffée par des parents trop stricts qui ne lui laisse que peut d'espace de décision, elle n'a qu'une envie être libre et faire ce qu'elle veut. C'est le propre de l'adolescent, adulte en devenir qui se détache de ses parents. Sa mère, fervente pratiquante ne comprend pas que sa fille pense différemment et ne soit pas aussi assidu qu'elle dans sa religion. En bref un véritable carcan parental également ressenti par le frère jumeau de Xio, lui aussi entravé dans son existence. La jeune fille n'arrive à respirer et à être elle-même qu'à travers sa poésie. Jusqu'au jour où elle rencontre un garçon qui va bouleverser sa vie.

Xiomara est une jeune fille en pleine recherche d'elle-même. Elle est touchante et très vite le lecteur a envie de la défendre face à la dictature parentale imposée jour après jour par ces parents si peu à l'écoute de leurs enfants, probablement étreints par l'angoisse de les voir déraper. Pourtant le futur adulte se construit par opposition à ses parents et aux travers de ses expériences personnelles. Mais l'adolescente, épaulée entre autre par sa meilleure amie n'a pas dit son dernier mot, et va, au fil des pages s'affirmer progressivement et tracer son chemin. Xiomara va évolué et démontrer à ses parents - surtout à sa mère - qu'elle est assez grande pour prendre ses propres décisions, sans que celles-ci ne soient mauvaises.  

La plume de l'autrice, Elizabeth Acevedo, est magnifiquement retranscrite par Clémentine Beauvais. Sachant que l'intégralité du roman est écrit en prose, le travail n'a pas dû être évident, mais l'ensemble est donne à lire une oeuvre forte et intéressante. Le lecteur, au côté de Xiomara, et de ses amis, ne s'ennuie pas un instant, même s'il lui faut s'adapter à la forme du texte. 

Ce récit vibre de révolte. Xiomara est une fille qui a la tête sur les épaules, et qui à besoin de gagner la confiance de sa mère, pour pouvoir se libérer du carcan de sa famille et exister par elle-même, libre. Cet apprentissage ne se fera pas sans casse, mais au bout du chemin, la lumière brille. Un beau roman de la rentrée littéraire. 

Je remercie les Éditions Nathan de leur confiance.