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14 juin 2019

Irène Némirovsky - "L'ennemie".

13 

NEMIROVSKY Irène - "L'ennemie"

160 pages.

Editions Denoël (2019).

«Il y a un peu moins d’un siècle paraît pour la première fois L’Ennemie, petit bijou d’une jeune romancière encore inconnue du public. Dans ce roman, publié sous le nom de Pierre Nerey, Irène Némirovsky dissèque sous couvert de la fiction toutes les ambivalences de sa relation avec sa mère. Ici, Irène devient Gabri, une jeune fille de dix-sept ans en révolte, avec toute la violence confuse de l’adolescence, contre une mère indifférente, vieille coquette sur le déclin aux prises avec son dernier amour. Ce conte cruel du Paris des années folles suit le terrible apprentissage par Gabri d’une féminité déchirée entre désirs naissants et solitude irréductible, où le visage de l’être détesté devient d’autant plus haïssable pour la jeune fille que ces traits se confondent peu à peu avec les siens. Telle une nouvelle Électre, Irène Némirovsky n’épargne pas cette mère qui ressemble furieusement à la sienne et dont elle dresse le portrait-charge sous les traits d’une coquette aussi vaine que cruelle. Toute une société déboussolée renaît ainsi sous la plume acide d’une auteure emblématique de l’entre-deux-guerres.»
INCIPIT: "Gabri et Michette Bragance, plantées au beau milieu de l'avenue du Bois de Boulogne, cherchaient leur mère parmi la foule. "

6 - Bon moment de lecture

 

Irène Némirovsky est une autrice russe de langue française, plutôt prolifique, mais dont je n'ai lu qu'un seul petit roman "Le bal". J'avais grandement apprécié la plume de l'autrice, et c'est avec une grande curiosité que j'ai découvert ce court roman, abordant dans un ton grinçant, les relations mère-fille, qui ne semble jamais simple et fluide. En voici un bel exemple...

Gabri et Michette sont des fillettes pleine de vie et de liberté, la première et la plus grande s'occupant avec bienveillance de sa petite soeur quand leur mère s'absente. Et elle s'absente de plus en plus souvent. Les deux enfants sont être laissées bien trop souvent seules. Leur père, revient bientôt de Pologne avec un jeune cousin nommé Charles. Toujours parti en quête de financements, il n'est pas non plus très présent à la maison, et malgré un semblant d'équilibre familial, Gabri retrouve vite sa liberté. Mais une enfant ça grandit, et bientôt elle se transforme en une belle adolescente, que sa mère, volage, peut de moins en moins supporté. Jusqu'à la tragédie qui mettra le feu aux poudres...

Irène Némirovsky esquisse, d'une plume vive et à petits coups, un portrait au vitriol d'une mère volage et très peu présente, pour laquelle, l'autrice a pris sa propre mère comme inspiratrice. La tension entre ses deux personnalités qui ne peuvent se comprendre et ne sont jamais sur la même longueur d'onde, va surtout éprouvé l'enfant, qui conte ses souvenirs, amplis de solitude et de manque d'amour. Tous ces êtres vivent d'ailleurs à côté les uns des autres, mais semblent tous souffrir de cette même solitude, sans jamais vraiment entrer en interaction les uns avec les autres. Une bonne psychogénéalogie s'impose. ^^

Ce récit autobiographique montre combien l'absence et le désintérêt de cette mère - qui n'assume absolument pas son rôle de mère, et préfère rester femme uniquement -  pour Gabri et Michette vont imprégné toute leur enfance. Ce manque d'amour et cet ennui, vont ressortir d'une façon ou d'une autre. La jeune fille - aussi bien la réelle que la fictive - affirme que "Sans la lecture, serait tombée malade d'ennui". Et en bon lecteur, on n'en doute pas une seconde. 

Irène Némirovsky n'a que 25 ans lorsqu'elle écrit "L'ennemie", mais ce texte est déjà très mature, et démontre un esprit déjà très aiguisé. Ce drame fait montre d'une grande maîtrise dans la façon dont elle esquisse les portraits psychologiques de ces personnages féminins. Le tour de force est de réussir à exprimer tout cette relation déséquilibrée, en quelques mots justes, qui font mouche en une centaine de pages seulement. 

étoileétoileétoileétoileétoileétoileétoile

En une centaine de page, Irène Némirovsky dresse le portrait d'une relation mère-fille déséquilibrée et vouée à l'échec. Avec des sentiments aussi forts que la solitude, le manque d'amour et la quête perpétuelle de la jeunesse, ce duo n'évolue que vers le pire, et le moment fatal arrive trop vite. D'une plume totalement maîtrisée et à mots comptés; l'autrice montre une fois encore sa parfaite maîtrise de l'écriture et la finesse de son esprit.

Je remercie les Éditions Denoël de leur confiance.

denoel

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