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3 mai 2019

Charlotte Perkins Gilman - "Herland".

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PERKINS GILMAN Charlotte - "Herland".

288 pages.

Éditions Robert Laffont (2019).

«Un roman longtemps oublié à découvrir de toute urgence dans sa traduction de référence. Trois Américains, intrigués par des légendes locales, découvrent sur une haute montagne un petit pays mystérieux et, à leur grand étonnement, seulement peuplé de femmes. Ils sont les premiers mâles à visiter Herland en près de deux mille ans. Herland est l’une des utopies féministes les plus réussies jamais écrites. Paru en 1915, ce roman de la sociologue Charlotte Perkins Gilman, l’auteure de La Séquestrée, rencontra un grand succès en son temps avant d’être oublié pendant plusieurs dizaines d’années. Redécouvert par la nouvelle génération féministe des années 1960, il ne fut traduit en français qu’en 2016. Un roman culte du féminisme américain à découvrir absolument.»

INCIPIT: "Ceci est rédigé de mémoire, malheureusement." 

6 - Bon moment de lecture

Charlotte Perkins Gilman était une femme lettrée et engagée, nièce d'Harriett Beecher Stowe, l'autrice de "La case de l'oncle Tom". Elle s'investit dans les réformes sociales et la place de la femme dans la société. Son roman "The yellow wallpaper" - paru en France sous le titre de "La séquestrée" - aborde le thème de la dépression et dénonce le manque de prise en considération de la femme dont les crises d'hystérie n'était considérées que comme des caprices, de même que le syndrome post-partum. 

Herland raconte l'épopée de trois hommes dans le royaume des femmes. Ce pays féminin perdu au coeur de nulle part, vit dans la paix et le secret, jusqu'à l'arrivée de trois explorateurs qui vont découvrir un lieu hiérarchisé et très organisé, dépourvu de violence et de maladie, l'évolution de cette société matriarcale est stupéfiante. Au gré de leurs découvertes les trois amis vont découvrir une ville très bien pensée, composée uniquement d'êtres de sexe féminin. Mais l'intrusion d'hommes au milieu de cet équilibre va-t-il faire basculé cet éden?

Charlotte Perkins Gilman a écrit ici une utopie féministe remarquable, qui marqua les esprits lors de sa parution. Elle rêve cette société féministe, protégée de toute influence masculine, avec finesse et précision. Au fil des pages, l'autrice compare Herland à la société patriarcale dans laquelle elle vit - son roman paraîtra aux États-Unis en 1915 - sur différents plans tels que la maternité, l'éducation, les interactions entre les femmes et les hommes, le travail, la mort, etc. Menées avec intelligence, les propos de l'autrice sur cette communauté idyllique parviennent à faire douter le lecteur sur les valeurs et le bien fondé de la société.

Le coeur de Herland est la maternité. Question de curiosité, comment une telle sororité peut-elle concevoir des enfants? Charlotte Perkins Gilman prend le parti de la parthénogénèse et de l'absence totale de sexualité. L'enfant est le moteur de ce système, tout tourne autour du concept qui vise à rendre chacun meilleur. L'éducation est la clé, et est dispensée seulement par les femmes les plus expertes en la matière. La valeur individuelle disparaît au profit de la communauté. La place de la femme dans cette société fantasmée, est mise en avant par rapport à la position totalement en retrait et soumise - presque comme un enfant - dans la vie réelle, cantonnée à un rôle peu reconnu. 

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Herland est une utopie féministe, intelligente et réfléchie, reconnue. Charlotte Perkins Gilman y développe ses réflexions sur une vision de société idéale sans violence, maladie ou conflit. Ce roman pousse le lecteur à se poser des questions, qu'il n'aurait même pas envisager. L'autrice, en tant que féministe, lance de nombreuses pistes de réflexions captivantes et s'interroge notamment sur la place de la femme dans la société et de son hypersexualisation pour compenser son statut dépendant face à la domination masculine. Une lecture captivante et instructive qui donne envie de lire d'autres romans tels que "La couleur pourpre" d'Alice Walker, Virginia Woolf ou encore Simone de Beauvoir. 

Je remercie les Éditions Robert Laffont de leur confiance.

              Robert Laffont              

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