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12 février 2019

Margaret Atwood - "Captive".

atwood

ATWOOD Margaret - "La captive".

625 pages.

Éditions 10/18 (2003).

« 1859 : Grace Marks, condamnée à perpétuité, s'étiole dans un pénitencier canadien. A l'âge de seize ans, Grace a été accusée de deux horribles meurtres. personne n'a jamais su si elle était coupable, innocente ou folle. Lors de son procès, après avoir donné trois versions des faits, Grace s'est murée dans le silence : amnésie ou dissimulation ? Le docteur Simon Jordan veut découvrir la vérité. Gagnant sa confiance, Jordan découvre peu à peu la personnalité de Grace, qui ne semble ni démente ni criminelle. Mais pourquoi lui cache-t-elle les troublants rêves qui hantent ses nuits ? Inspiré d'un sanglant fait divers qui a bouleversé le Canada du XIXe siècle.»

INCIPIT: "Entre les gravillons poussent des pivoines." 

8 - Pur délire

Depuis ma lecture de "La servante écarlate" l'année dernière, Margaret Atwood est dans mes petits papiers. Les Éditions Robert Laffont ont d'ailleurs (ré)édité plusieurs de ses romans, tels que "C'est le coeur qui lâche en dernier", "Mort en lisière", "Neuf contes" ou encore "Captive" justement. 

Grace Marks vient d'échapper à la peine de mort de justesse, et se retrouve condamnée à perpétuité dans un pénitencier . Elle est accusée des meurtres sanglants de son maître Mr Kinnear et de la gouvernante de la maison, Nancy Montgomery. Le docteur Jordan, un jeune psychiatre qui rêve d'ouvrir un hôpital spécialisé, se penche sur son cas. Il souhaite connaître la vérité. La jeune fille, alors âgée de 16 ans au moment des faits, est-elle victime ou manipulatrice chevronnée?

Margaret Atwood se base sur un fait réel pour tisser son postulat de départ, à savoir les meurtres horribles, soit-disant perpétrés par une si jeune fille. L'autrice propose un roman très documenté, aussi bien sur la vie des femmes en prison, que sur l'époque où se place l'intrigue, où encore le statut de domestique. L'histoire est dense, car en plus du récit des meurtres, le Docteur Jordan demande à Grace Marks de lui relater son enfance, et sa vie avant que le drame ne se déroule. Le lecteur assiste à tous les événements marquants de la vie de la jeune femme, son immigration depuis l'Irlande, va découverte des États-Unis, la pauvreté, son ascension dans la vie de domestique, ses amitiés... Et il y a également le après.

Les personnages sont attachants, particulièrement Grace Marks, dont le lecteur, à aucun moment, n'arrive à se faire une idée exacte de son implication, intentionnelle ou pas, lors de ces dramatiques événements. Margaret Atwood a pris le parti de ne pas relater les faits de façon linéaire, pour rendre le récit plus vivant peut-être. Alternant entre le passé et le présent dans la vie de Grace Marks, elle y insert également les événements de la vie du docteur Jordan, des correspondances épistolaires, etc. Cela donne au lecteur une vision plus riche de cette époque, mais ces ruptures dans le rythme de l'histoire pourrait en empêcher certains de s'immerger totalement dans le roman. Tout au long de cette lecteur, le lecteur ne pourra pas s'empêcher de penser à Defred, mais également au roman "Affinités" de Sarah Waters.

Mais l'un des aspects les plus intéressants est l'ambivalence que représente la personnalité de Grace Marks, entre ce qu'elle paraît, ce qu'elle pourrait être et ce qu'elle est réellement. Margaret Atwood travaille sur cet aspect psychologique de la personnalité de son héroïne, pour découvrir son implication dans les dramatiques événements qui ont conduit la jeune femme en prison. Alors simulatrice ou innocente malchanceuse?

 

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C'est un roman que j'ai adoré, pour cette plongée historique très réaliste au travers d'une écriture riche et pleine de détails. Margaret Atwood immerge le lecteur dans des univers divers et passionnants entre les réceptions mondaines, les séances de spiritisme, le monde des domestiques, l'univers carcéral, et j'en passe. C'est une lecture dense.

Citations: "Moreau de Tours considérait le rêve comme la clé de la compréhension de la maladie mentale et Maine de Biran soutenait que la vie consciente n'était qu'une sorte d'île flottant sur un inconscient bien plus vaste où elle puisait des pensées comme des poissons".

"S'il en est ainsi, vous admettrez - question discutable - que nous sommes ce dont nous nous souvenons. Peut-être, avance Simon, sommes-nous aussi - avant tout - ce que nous oublions."

 

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