Ray Bradbury - "La solitude du cercueil de verre".
BRADBURY Ray - "La solitude du cercueil de verre".
464 pages
Éditions Denoël (2017).
« Venice, Californie. Nous sommes en octobre 1949, par une nuit d'orage, dans un gros tramway rouge, vieux, grinçant. Le narrateur y est seul avec un homme ivre qui se met à geindre, lui soufflant son haleine avinée dans le cou : «Oh ! la solitude est un cercueil de verre.» Puis l'inconnu disparaît. En contrebas, dans le canal, un vieillard se balance, mort, dans une ancienne cage à lion. L'inspecteur Crumley mettra bien du temps à se laisser convaincre par le narrateur, jeune romancier un peu «tête brûlée», qui prétend avoir entendu l'assassin et qui a commencé son enquête auprès de personnages on ne peut plus singuliers. Dès lors, qui, de Crumley ou du détective amateur, débrouillera l'énigme ?»
INCIPIT: "Venice, Californie, avait autrefois de quoi plaire à ceux qui aiment être tristes: du brouillard à peu près tous les soirs, et le grondement des installations de forage le long de la côte, et le clapotis de l'eau noire dans les canaux, et le crissement du sable contre les fenêtres quand le vent se levait et chantait sur les aires dégagées et les promenades désertes."
J'aime beaucoup Ray Bradbury, que j'ai découvert il y a quelques années dans son oeuvre la plus célèbre "Fahrenheit 451". A cette époque j'étais dans ma période de découverte des pépites les plus célèbres de la dystopie. J'ai ensuite lu "Chroniques martiennes" que j'avais dans ma PAL depuis 100 ans, et enfin "L'arbre d'Halloween" qui, lu dans l'atmosphère approprié d'automne, est juste une pépite. Alors lorsque j'ai vu que les Éditions Denoël éditait "La solitude du cercueil de verre" de ce même auteur, dans ma collection fétiche, je n'ai pas résisté.
Un autre point qui forcément m'intrigua, Ray Bradbury, un grand nom de la SF change de genre et se lance dans le roman noir, l'un de mes genres de prédilection. Et qu'est-ce que cela donne? Une atmosphère parfaitement posée, c'est un peu son point fort, quelque soit le roman. Une galerie de portraits pour le moins bizarres voire fous - qui sait - s'égaille au milieu de ces pages qui se tournent avec plus ou moins de facilité au fil de cette enquête pour le moins curieuse et déroutante.
L'intrigue flirte avec le fantastique sans y plonger réellement, au gré de ces morts étranges. Ray Bradbury ne maîtrise pas tout le langage et les codes du roman noir, mais il tente et réussi grâce à son don pour instiller une atmosphère, à transmettre au lecteur le plaisir que l'on a à retrouver le déroulement d'une enquête, même si la patte n'est pas des plus affirmer.
Même si seul le décor est celui d'un roman noir, ce n'est pas cela qui pousse le lecteur à suivre cet inspecteur un peu falot, et ce jeune écrivain fauché, mais plutôt la plume de l'auteur. Le lecteur avance comme un somnambule au travers des rues californiennes, évitant ces morts bizarre et tentant de comprendre. Mais tout n'est que solitude, et le smog londonien n'est pas loin.
Cet hommage au roman noir, et à travers cela aux auteurs comme Raymond Chandler ou Dashiell Hammet est plutôt étrange, même si cette atmosphère poisseuse colle un peu aux talons. Des personnages au bord de la folie, qui intrigue plus que rien d'autres. Une curiosité, pour comprendre le message de Ray Bradbury.
Je remercie les Éditions Denoël de leur confiance.