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15 décembre 2015

Hua Yu - "Un monde évanoui".

Yu

Yu Hua - "Un monde évanoui"

123 pages.

Éditions Philippe Picquier (1994).

«Dans les récits de Yu Hua, l'atmosphère est menaçante, lourde de pluies comme de crimes. Dans les récits de Yu Hua, il y a une force destructrice à l'œuvre, des meurtres, des suicides, des viols. La maladie et la folie sont au rendez-vous. Mais les lieux naturels sont magnifiques : la berge de saules pleureurs dans Erreur au bord de l'eau est d'un calme enchanteur, comme celle d'Un monde évanoui, où les pêchers exhibent leurs fleurs roses. Les deux récits publiés ici se lisent comme des polars. Dans le premier, l'inspecteur Ma Zhe tente de résoudre trois meurtres. Un fou qui ricane bêtement sème la terreur. Mais il y a encore la fille à la barrette rouge, le jeune homme suicidaire. Dans le second récit, sous une pluie qui ne cesse même pas dans les rêves, des personnages sans nom vivent dans un monde peuplé d'hallucinations, de fantômes, des prédictions d'un vieux devin, de rêves prémonitoires. Après "Vivre !" adapté au cinéma par Zhang Yimou et primé au festival de Cannes en 1994, Yu Hua confirme sa place de premier plan dans l'avant-garde littéraire en Chine, dans la lignée d'écrivains modernes aussi importants que Borgès ou Kafka.»
INCIPIT: "Au moment où l'après-midi tirait à sa fin, où le soleil déclinait, grand-mère Benjamine du passage de l'Ancienne-Poste s'aperçut que ses oies avaient disparu."   

6 - Bon moment de lecture

Il me fallait un auteur pour compléter la lettre Y de mon Challenge ABC, c'est ainsi que j'ai découvert la plume et l'univers de Yu Hua. Rassurez-vous, je n'ai pas choisi ce livre pour sa couverture. Ce visage n'est pas malsain, ne méchant, mais il met mal à l'aise tout de même. C'est peut-être du au regard de l'homme ou à cette clarté qui arrive sur la droite, quoi qu'il en soit, elle a eu une certaine influence sur cette lecture.

L'ouvrage se compose de deux nouvelles. Celle qui a donné son titre au livre est la seconde, la première s'intitule "Erreur au bord de l'eau". La plume de Yu Hua est difficile a décrire pour qui ne l'a pas lue. Au cours de ces histoires, je n'ai pu m'empêcher de penser à des auteurs comme Kafka ou Haruki Murakami pour le côté onirique, sachant que ce dernier est beaucoup moins sombre. Car l'écriture de Yu Hua, même si elle est délicate, et étouffée, même si elle dénote un certain détachement vis-à-vis des évènements, elle est dure et sans appel. Comment peut-on être l'un et l'autre à la fois? En parlant de meurtre sanglants, de viols, de suicides, de folie, en bref de violence, sans que cette violence ne transparaisse dans les mots. Comme si les évènements étaient étouffés, comme si le lecteur était insensible. C'est assez déstabilisant.

Les trames de ces deux récits sont somme toute assez basiques, et touche des personnages d'un milieu social assez pauvre, qui sans se battre pour survivre, n'a pas une vie aisée. Le lecteur ressent bien la culture chinoise faite de détachement, de délicatesse et de beauté. C'est aspect oriental, est tout a fait dépaysant pour le lecteur occidental qui ne peut qu'imaginer, guider en cela par la main - amie - de l'auteur.

La première nouvelle, avec cette enquête sur trois meurtres sanglants, finie en pirouette bien ajustée, et surprend totalement le lecteur qui n'avait rien vu venir. La seconde nouvelle est plus onirique, et c'est là que l'on ne peut s'empecher de penser à Murakami, au milieu de tous ces rêves. Le lecteur reste étonné du choix fait par l'auteur de nommer les personnages, soit par des noms communs: l'accoucheuse, le camionneur - ce qui peut encore s'expliquer; soit par des chiffres; 2 ou 6. Quelle valeur ont-ils? Mais en fait, en ont-ils une ou est-ce simplement une autre façon d'utiliser un terme plus que commun et sans personnalisation?

étoileétoileétoileétoileétoileétoile

 

Ces deux nouvelles, écrites par une plume tout à fait fascinante, laisse le lecteur déstabilisé et interrogateur quant aux motivations profondes de l'écrivain. Car il y a des raisons à tous ces choix, mais après seules les hypothèses de chacun peuvent tenter d'y répondre. Même si ces récits ont une fin en soi, il reste beaucoup de zone d'ombre en refermant le livre, un peu comme ce visage sur la couverture... En tout cas, il est certain que je lirai un autre roman de cet auteur pour approfondir mon ressenti quant à son oeuvre.

 

Challenge ABC 2015

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