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6 février 2015

Sandrine Collette - "Six fourmis blanches"

Collette

COLLETTE Sandrine- "Six fourmis blanches".

275 pages.

Éditions Denoël  (2015).

« Le mal rôde depuis toujours dans ces montagnes maudites. Parviendront-ils à lui échapper? Dressé sur un sommet aride et glacé, un homme à la haute stature s’apprête pour la cérémonie du sacrifice. Très loin au-dessous de lui, le village entier retient son souffle en le contemplant. À des kilomètres de là, partie pour trois jours de trek intense, Lou contemple les silhouettes qui marchent devant elle, ployées par l’effort. Leur cordée a l’air si fragile dans ce paysage vertigineux. On dirait six fourmis blanches… Lou l’ignore encore, mais dès demain ils ne seront plus que cinq. Égarés dans une effroyable tempête, terrifiés par la mort de leur compagnon, c’est pour leur propre survie qu’ils vont devoir lutter.»

INCIPIT: "Le mal suinte de ce pays comme l'eau des murs de nos maisons tout le long de l'hiver. "   

06 - Bon moment de lecture

 

Voici une auteure que je n'avais jamais lu, mais dont j'avais entendu beaucoup de bien. Lorsque je l'ai découverte dans ma BAL, je n'ai pas pu résister bien longtemps, et je ne m'en suis toujours pas remise. 

Ce thriller, très original, est porté par une plume non moins impressionnante par son côté acéré, voire aiguiser. Progressivement, au gré des nuages qui passent dans le ciel, Sandrine Collette immerge son lecteur dans la montagne, et dans ce pays arriéré, bourrelé de superstitions. Tout au long de ce récit, le lecteur, peu rassuré, tel les personnages, tente de contenir l'angoisse qui le gagne progressivement, face aux esprits et aux traditions ancestrales, dont plus personne ne connaît la raison d'être. Et plus les pages se tournent, plus l'ombre de la montagne devient écrasante.

Les six fourmis blanches se sont mises en route, et insidieusement, le roman devient de plus oppressant. La tempête gagne en force, et soudain elle est partout, omniprésente, tellement réelle que le lecteur, confortablement allongé dans son lit, au chaud dans sa maison, en a des sueurs froides, et se prend à remonter un peu plus haut sa couette.

L'auteur maîtrise parfaitement sa trame ou alternent deux narrateurs, celle de Mathias le dernier sacrificateur d'Albanie, et Lou, une jeune parisienne qui teste un itinéraire touristique en compagnie d'autres novices de la haute montagne. Sandrine Collette domine si bien les mots, que ces deux voix collent avec justesse à leur personnage, dans le ton et le vocabulaire employé, jusqu'à la manière dont la peur développe son emprise sur chacun. 

étoileétoileétoileétoileétoileétoileétoile

 

Avec un art consommé du maniement des mots, au travers d'une situation qui pourrait arriver à chacun d'entre nous, cernés par la puissance des éléments et un petit quelque chose d'autre, Sandrine Collette tient le lecteur en haleine jusqu'au dernier mot. Une auteure dont j'ai hâte de découvrir ses autres titres, surtout "un vent de cendres",  et peut-être "des noeuds d'acier". Un livre à découvrir absolument, mais attention à la saison que vous choisirez pour le lire.  ;)
CITATIONS:  "Parfois pendant l'hiver, j'ai l'impression de geler os par os, et pourtant je la connais cette montagne, et l'humidité permanente dans laquelle j'ai grandi, et le froid qui ne nous lâche que quand nous sommes au bout de nos forces."
"Voilà ce que je redirai au vieux Carche demain quand il voudra mieux que les autres: nous avons peur du destin parce qu'il nous enlèvera ce que nous avons aujourd'hui, nos proches, nos biens, notre vie. Mais ce que nous devons craindre par-dessus tout, c'est d'exiger de lui - car alors nous aurons à affronter sa vengeance."
"Le ciel, nous y sommes. Quand nous tendons les bras, que nous ouvrons les doigts, que touchons-nous sinon le ciel? Pourquoi est-ce que ce serait toujours loin par-dessus nous? Nous avons les pieds sur terre, mais tout ce qui est au-dessus baigne dans le ciel. Il est là, tout près, qui nous entoure et nous enveloppe. Nous avons les mains dedans. Nous le respirons chaque seconde."
"Quelle horrible impression, celle de nos propres limites: jamais, dans la vie ordinaire, nous n'avons besoin d'aller aux frontières de ce dont nous somme capables, à l'extrême de nos forces. Le sentiment d'arriver au bout nous est étranger."
Je remercie chaleureusement les Editions Denoël.

 

denoel

 

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Commentaires
L
J'ai bien aimé cette lecture :) !
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