Laurent Clerc - "Saving Joseph".

18 décembre 2014

Laurent Clerc - "Saving Joseph".

180 pages.

Éditions Denoël (2014).

« Être un homme aujourd’hui, qu’est-ce que c’est? Trouver sa niche et s’y terrer? La quarantaine, crâne dégarni et mal dans son couple (sans lien de cause à effet), le héros est un type sans histoire. Mais, le jour où il se retrouve dans une chapelle à l’approche de Noël, lui qui ne met plus les pieds à l’église, sa vie bascule. Alors que tout le monde est en adoration devant la Vierge Marie, le héros prend le parti de Joseph : père adoptif contre son gré, sommé de fermer les yeux sur cette grossesse suspecte et relégué au rang de figurant de la crèche, c’est lui le pigeon de l’histoire! Tandis qu’il tente de reconquérir sa compagne par des moyens plus ou moins judicieux, le héros entame un dialogue fantasmé avec Joseph qui le mènera sur les chemins les plus vertueux… et les plus sulfureux. Avec humour et fantaisie, Laurent Clerc signe la chronique drôle et moderne d’un homme de tous les jours pris dans les contradictions de la société.»

INCIPIT: "Marie est agenouillé, les mains jointes sur la poitrine."

Dans un style parfois plus que familier mais dynamique et rythmé, l'auteur suit les pas d'un homme et sa remise en question, en compagnie de Joseph - oui, le Joseph de la Sainte Vierge et de l'Enfant. Cherchant à éviter la rupture de son couple, il est prêt à tout tenter.

Le postulat quant à la situation de Joseph est original et bien trouvé, cependant la vulgarité qui y est associée n'était pas nécessaire, et plombe du coup un peu l'histoire. En se voulant drôle, voire sarcastique, il n'en devient que grossier et c'est dommage. Comme si pour bousculer les choses (et la religion) il n'y avait que ça. Comme si la société actuelle n'était que ça - quoi que des fois on peut se le demander.

Les personnages sont crédibles dans leurs actes, sans toutefois être marquants, ce qui accentue la normalité du héros et du même coup la banalité de sa vie et de sa situation. Ce qui peut surprendre le lecteur c'est que Paul ne se rebelle pas davantage, face à sa vie, face à Julia... Il laisse glissé et l'évènement passe. Il fait des tentatives de rapprochements sans pour autant expliquer clairement ce qu'il veut même s'il pense beaucoup. Et ainsi le mur de briques s'érige.

L'auteur, en parallèle de cette quête de soi, fait la peau à certaines addictions de notre société comme la dépendance aux textos et aux séries télévisées, en d'autres mots aux écrans qui polluent la vie et le contact entre humains.

Le dénouement a un peu compensé les aspects moins plaisants du roman, et l'histoire finalement se lit bien, aidée en cela par l'humour qui point fréquemment dans les propos entre Paul et son "double divin" Joseph.

Laurent Clerc, à travers cette vision humoristique de la vie, permet au lecteur d'entrer dans son imagination fantaisiste. Un roman court et agréable à lire.

Citations: "Je mesure la portée de la leçon qui m'a été assenée pendant des années: la Sainte Famille procrée sans accouplement, l'Enfant a été conçu par l'opération de la Sainte Triquité et la seule érection autorisée est celle des charpentes."