"Effroyables jardins" de Michel Quint, pp.62 - Ed. Joëlle Losfeld - 2000.

          4ème de couv.

"Certains témoins mentionnent qu'aux derniers jours du procès de Maurice Papon, la police a empêché un clown de rentrer dans la salle d'audience. Il semble que ce même jour, il ait attendu la sortie de l'accusé et l'ait simplement considéré à distance sans chercher à lui adresser la parole. L'ancien secrétaire général de la préfecture a peut-être remarqué ce clown mais rien n'est moins sûr. Par la suite l'homme est revenu régulièrement sans son déguisement à la fin des audiences et aux plaidoiries. A chaque fois il posait sur ses genoux une mallette dont il caressait le cuir tout éraflé. Un huissier se souvient de l'avoir entendu dire après que le verdict fut tombé :
- Sans Vérité, comment peut-on avoir de l'espoir ?"
L'auteur dédie ce court texte lumineux, émouvant et métaphorique à la mémoire de son grand-père, ancien combattant à Verdun et à son père ancien résistant.

          Première phrase.

"Certains témoins mentionnent qu'aux derniers jours du procès de Maurice Papon, la police a empêché un clown, un auguste, au demeurant fort mal maquillé et au costume de scène bien dépenaillé, de s'introduire dans la salle d'audience du palais de justice de Bordeaux."

          Lilly's feeling.

Court roman mais vrai coup de poing. Cela part d'une habitude ridicule - voire honteuse selon son fils - qu'a son père de se déguiser en Auguste; pour en arriver à la raison profonde et bouleversante de cet acte.

Sorte de témoignage romancé, ce livre aborde des thèmes majeurs comme la famille, la bravoure à l'échelle individuelle, la dérision, la seconde guerre mondiale... Dans la même veine - je parle là du côté percutant du roman - j'ai tout de suite pensé au livre "Un secret" de Philippe Grimbert - dont j'ai d'ailleurs découvert la version filmée il y a quelques jours. Superbe roman, mais l'histoire convient mieux à la lecture qu'au 7ème art... mais passons.

La plume de l'auteur est d'autant plus "marquante" qu'il utilise le registre très typique de l'argot, à travers le témoignage de Gaston, l'oncle du narrateur; qui alterne avec celui de ce dernier. Les personnages prennent plus d'épaisseur. Ils sont plus humains et l'empathie du lecteur pour le narrateur est alors presque immédiate.

          En bref.

Abordant des thèmes majeurs d'une façon imprévue, ce petit roman par la taille ne l'est pas par la forme. Même s'il peut rebuter le lecteur par le langage employé, il reste néanmoins assez court pour se permettre cette expérience qui pourrait au final s'avérer plaisante voire davantage. Sait-on jamais?...

          Note          

          Pour en savoir plus sur l'auteur et sur le livre.

          D'autres avis.

      

Comments

[la lecturienne]

Ce livre a l'air particulier en effet mais semble caché beaucoup.