"Rêves de garçons" de Laura Kasischke, pp. 246 - Ed. Christian Bourgois Editeur - 2007.

          4ème de couv.

Combien d'histoires terrifiantes racontées autour d'un feu de camp entre deux chamallows grillés?. A la fin des années soixante-dix, trois pom-pom girls quittent leur camp de vacances à bord d'une Mustang décapotable dans l'espoir de se baigner dans le mystérieux Lac des Amants. Dans leur insouciance, elles sourient à deux garçons croisés en chemin. Mauvais choix au mauvais moment. Soudain, cette journée idyllique tourne au cauchemar.
Plongée au cœur d'un univers adolescent capté et dévoilé avec une justesse sans égale. Une fois de plus, Laura Kasischke s'attache à détourner avec beaucoup de férocité certains clichés de l'Amérique contemporaine et nous laisse, jusqu'à la révélation finale, dans l'imminence de la catastrophe.

          Prologue.

"Tous les ans, on raconte des histoires autour du feu de camp. Au coeur de la flambée, il y a toujours une branche fine pourvue de mille aiguilles qui s'embrasent, rougeoient puis explosent tour à tour dans un sifflement rapide avant de se flétrir.

L'odeur épicée des pins blancs qui émane de l'obscurité de la forêt. L'antimoustique. La mousse détrempée. Le mélodrame gluant et noirci des chamallows grillés.

Une petite volée de chauves-souris qui gifle l'étendue du ciel bleu marine. Un ciel piqué d'étoiles.

Année après année, on répète les mêmes histoires - épouvantables, terrifiantes et véridiques -, et il y a toujours des filles pour se cacher le visage dans les mains pendant le récit.

On commence par la baby-sitter qui, tard dans la nuit, monte à l'étage parce qu'elle a cru entendre les enfants sauteur sur leur lit et qui les découvre égorgés dans la baignoire.

On continue avec celle de la mère qui reçoit un appel de sa fille en sanglots: "Maman, je brûle." La mère se met à hurler, mais la ligne est déjà coupée. Quelques secondes plus tard, un agent de police sonne à la porte et lui dit "Madame, j'ai le regret de devoir vous annoncer que votre fille a été tuée dans un accident alors qu'elle rentrait de l'école en bus."

Il y a celle de l'adolescente qu'on met au défi lors d'une soirée pyjama d'écrire une lettre d'amour à Satan, de la signer de son sang et de la brûler ensuite. Elle, elle trouve ça drôle. Le lendemain, on la découvre nue dans le garage, pendue au bout d'une corde à sauter.

Il y a le fantôme d'un explorateur français qui effraie les campeurs dans la forêt du parc national de Blanc Coeur dès qu'ils s'éloignent du sentier balisé pour aller faire pipi. Il y a celle du petit garçon qui s'est brisé la nuque en tombant du haut d'un pin et qui, depuis, s'amuse à pousser les gens des arbres. Celle de l'homme qui tue sa femme, la ligote avec de lourdes chaînes et la jette dans le lac Michigan. En rentrant chez lui, il la trouve assise dans le fauteuil inclinable, souriante et trempée jusqu'aux os.

Puis celle-ci: La jeune fille qui, un après-midi d'été file en douce de Pine Ridge, la colo des pom-pom girls, avec deux copines dans une petite voiture de sport rouge, et qui sourit à deux garçons à bord d'un break mangé par la rouille..."

          Lilly's feeling.

Suspense. C'est le maître mot auquel le lecteur s'attend après avoir lu la quatrième de couverture et le prologue. Ce dernier m'a complètement séduite par tous les souvenirs de camps de vacances qu'il a fait ressurgir. Il est cité dans son intégralité ci-dessus. La barre est donc placée haut dès les premières pages.

Le premier point fort de ce roman, est la façon dont Laura Kasischke dresse le profil psychologique de ces jeunes filles. Ce sont vraiment des relations adolescentes que l'on a tous vécu un jour ou l'autre, au lycée, en vacances... Le second, et bien c'est l'ambiance colonie, mais c'est une appréciation personnelle liée à mon expérience plus qu'une analyse littéraire. C'est loin d'être valable pour tous les lecteurs.

Donc comme vous l'aurez compris, je suis complètement passée à côté de ce "rêve de garçons". Pourtant le parallèle entre les gentilles pom-pom girls avec ce coin idyllique au milieu de la pinède et ces deux garçons rencontrés... Il y a matière à donner des sueurs froides.

J'ai davantage ressenti ce récit comme le journal de Kristy, le personnage principal, que comme une histoire lourde et angoissante. Parmi les quelques avis que j'ai lu, afin de savoir si j'étais la seule à avoir eu ce ressenti, certains lecteurs parlent "d'atmosphère tendue", de "malaise". Ah bon, où ça?... Bien sûr, pour moi, le dénouement est retombé comme un soufflé. Dommage car les trames des romans de cette auteure sont vraiment alléchantes, peut-être que je retenterai un jour, sachant qu'en plus l'un de ses romans a été tourné à Hollywood... ^^

          En bref.

Un récit avec beaucoup de potentiel, mais qui m'a laissé sur le bord de la route par son manque de suspense, entre autres choses. 

          Note          

          Pour en savoir plus sur l'auteur et sur le livre.

          D'autres avis. 

      

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge organisé par Calypso "Un mot, des titres". Voici le compte-rendu de cette 15ème session. Le mot de la prochaine session se trouve là...

Comments

[Soundandfury]

Je ne l'avais encore croisé nulle part ce livre, alors je suis venue lire ton avis. (j'en profite pour saluer le nouveau design, puisque je n'en avais pas encore eu l'occasion).



La couverture n'était déjà pas alléchante, on ne peut pas dire que tu m'aies fait changer d'avis. L'ambiance colonie de vacances, c'est vraiment un point fort? Dans quel sens?