"Dernière nuit à Twisted River" de John Irving, pp. 679 - Ed. Points - 2012.
4ème de couv.
1954, au nord du New Hampshire, à Twisted River, pays sauvage des bûcherons et des flotteurs de bois, les draveurs, Dominic Baciagalupo, 30 ans, veuf et père de Danny, 11 ans, travaille comme cuisinier avec, pour garde du corps Ketchum, l’ogre anarchiste au grand coeur, l’ami de toute une vie.
Suite à la mort malencontreuse de Jane, sa maîtresse, causée par Danny qui l’a prise pour un ours, père et fils fuient le courroux revanchard du shérif Carl, l’« officiel » de la dame. Première étape, Boston, où Dominic cuisine dans un restaurant italien, où Danny rêve de devenir écrivain. De nouveau inquiétés par le shérif, les Baciagalupo se bâtissent une nouvelle vie dans le Vermont : après avoir tâté de la gastronomie chinoise, Dominic se lance à son compte avec succès, et Danny devient un écrivain célèbre. Ultime étape : Toronto. Mais on n’échappe pas à la rage vengeresse du shérif !
Première phrase.
"Le jeune canadien - quinze ans tout au plus - avait eu un instant d'hésitatin fatal."
Citations.
"En somme, son imaginaire d'écrivain était celui d'un enfant de quarante et un ans."
"- C'est petits machins, je sais pas comment tu les appelles, on dirait des moucherons écrasés sur la virgule, râlait Ketchum.
- Ça s'appelle des points-virgules.
- M'en fout pas mal, comment ça s'appelle, tout ce que je te dis, c'est que tu en abuses. Moi, quand j'écris, c'est qu'à toit ou à ton père, mais je vous ai écrit sacrément souvent, eh ben, je crois pas que je vous en ai mis autant dans toutes mes lettres que toi dans une seule page!"
"Bah, les accidents gouvernent le monde, et dans ce monde les changements ne s'arrêteront pas aux noms."
"Chaque roman comporte une part inconfortable qui touche au coeur de l'histoire de son auteur, et dont il préférerait ne pas parler."
"Tant qu'on ne s'est pas fait piquer par un ou deux moustiques, on sait pas qu'on est dans les bois."
"S'il te faut un quatrième ou un cinquième coup, c'est fichu, lui dit-il, y a longtemps que ton chevreuil c'est taillé."
Lilly's feeling.
Longtemps j'ai patienté avant d'acheter ce roman, dont j'attendais la sortie en format poche. Oui, je sais j'ai un petit côté cinglé en ce qui concerne les livres, mais ce format a deux avantage pour moi: il ne déparera pas avec les autres romans d'Irving, et il est moins cher qu'un grand format. Mon porte-monnaie me remercie. ^^ Et finalement, à part le fait de le croiser régulièrement dans les rayons des librairies, je n'ai pas été tentée plus que ça, car je n'ai pas lu de critiques enthousiasmes sur ce dernier, et peu de répercussion dans la presse (ou alors j'ai inconsciemment fermé les yeux lorsqu'il y en avait...).
Un fait doit être posé d'emblée, John Irving est l'un de mes auteurs favoris, donc à chacun de ses romans la barre est placée assez haut. Et là, dur. J'ai ressentis - plus que lors de ma lecture de ses autres romans - un ennui profond, durant, je dirai, un bon tiers du roman, mais je me suis accrochée: auteur-favori oblige. ^^
Entracte: Un mot m'a interpellée à deux reprises dans ce récit: "hénaurme". Au début je me suis dit que c'était un peu énorme comme faute d'orthographe, et à la seconde fois, je suis quand même allée faire un tour dans le dictionnaire, et en fait cette déformation sert à accentuer, telle une plaisanterie, la signification du mot de façon exagérée. Fin de l'entracte.
Bien sûr l'auteur doit posé la situation, mettre en place les personnages principaux et secondaires (et il y en a beaucoup), etc. Mais les changements de narrateurs - entre le père (qui est aussi grand-père), le fils (qui est aussi père) et le petit-fils (qui est aussi fils); entre le passé et le présent de chacun - même s'ils sont nécessaires, m'ont paru un peu embrouillé. Je dois bien avoué également que tous ces éléments m'ont un peu perdue au début. Comme je dis souvent: "trop d'infos tuent l'info".
Bon, tout ça n'est pas très positif, je sais. Mais une fois tout ce flou dépassé, le lecteur plonge dans l'histoire pour n'en ressortir qu'à la dernière page. C'est génial (peut-être un peu moins que d'habitude, mais génial quand même)! Bien sûr, j'ai retrouvé les thèmes de prédilection de l'auteur, à savoir: le New Hampshire, les ours, les morts violentes (et parfois pour des raisons futiles), la relation parent/enfant et la cellule monoparentale, la vague d'évènements accidentels qui place les personnages dans des situations frôlant l'improbable...
Il faut noté que Danny est le porte-parole de l'auteur, et ça aussi c'est très intéressant. D'ailleurs, à propos des personnages, j'ai remarqué que les principaux sont des hommes, les femmes sont au second plan. Et elles sont soit aides en cuisine, soit femme de ménage. Je dis ça, je dis rien, mais y aurait-il un message Mr Irving?! Comme dans tous ses romans, les personnages sont très nombreux, et néanmoins bien définis psychologiquement. Mais je dois avoué que le moteur de cette "dernière nuit à Twisted River" est incontestablement ce bourrin de Ketchum. C'est la vraie réussite de ce roman.
Les paysages décrits sont magnifiques, je pense surtout, en disant ça, à l'île... La page ultime est tout juste "hénaurme", mais je n'en dirais pas davantage.
En bref.
Comme dirait Ketchum, et malgré une lecture à intérêt variable, ce roman vaut bien un pet de lapin des neiges. ^^
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