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15 octobre 2012

"La belle amour humaine" de Lyonel Trouillot, pp.169 - Ed. Actes Sud - 2011.

Trouillot

          4ème de couv.

A bord de la voiture de Thomas, son guide, une jeune occidentale, Anaïse, se dirige vers un petit village côtier d'Haïti où elle espère retrouver les traces d'un père qu'elle a à peine connu et éclaircir l'énigme aux allures de règlement de comptes qui fonde son roman familial. Le caractère particulier de ce voyage encourage bientôt Thomas à prévenir la jeune femme qu'il lui faudra très probablement renoncer à une telle enquête pour faire l'expérience, dans ce village de pêcheurs dont il est lui-même issu, d'un véritable territoire de l'altérité où les lois sont amicales et flexibles, les morts joyeux, et où l'humaine condition se réinvente sans cesse face aux appétits féroces de ceux qui, à la manière du grand-père d'Anaïse et de son complice en exactions, le "colonel" - tous deux jadis mystérieusement disparus dans un incendie -, cherchent à s'octroyer un monde qui appartient à tous. 
Dans ce roman qui prône un exercice inédit de la justice et une fraternité sensible entre les hommes sous l'égide de la question : "Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?", Lyonel Trouillot, au sommet de son art, interroge le hasard des destinées qui vous font naître blanc ou noir, puissant ou misérable, ici ou ailleurs - au Nord ou au Sud. S'il est vrai qu'on est toujours "l'autre de quelqu'un", comment et avec qui se lier, comment construire son vivre-ensemble sinon par le geste - plus que jamais indispensable en des temps égarés - d'accueillir, de comprendre ?

          Première phrase.

"La mer avait été plus généreuse que d'ordinaire, et les pêcheurs avaient fait dans la journée une telle provision de sardes et de langoustes que, le soir venu, de retour au village, après avoir ranger leurs barques et rassuré leurs compagnes, ils consacrèrent leur temps à des chansons de la mer, et, le regard levé vers les constellations, ils ne virent pas brûler les flammes de l'incendie."

          Citations.

"Et, comme la vie, les bruits ont des humeurs. En prêtant attention, tu pourras distinguer les bruits de la colère de ceux de l'attente et de la fatigue."

"Quand on a perdu tout le reste, reste plus que du temps à perdre. Écoute les bruits du temps perdu."

"Et où est-il écrit que les mots savent nommer les choses à leur juste mesure!"

"Un touriste, c'est très souvent un portefeuille qui commente le peu qu'il voit sur un ton sans appel. Sans doute estiment-ils que le tarif qu'ils payent leur donnent droit à une opinion, que leur cash leur confère un brevet d'expertise."

"Comme dit Justin, en matière de paroles, si l'excuse est sincère, elle répare l'injure et vaut bien le pardon."

"A toi aussi ils donneront un surnom, comme un plus, une reconnaissance de ce qui fait que tu es toi et pas quelqu'un d'autre."

"Le sot orgueil des belliqueux les détourne de leurs projets et les propulse dans des situations imprévues et incontrôlées desquelles ils ne parviennent jamais à se tirer sans passer par de grandes souffrances."

          Lilly's feeling.

Ce roman a rejoint ma PAL l'année dernière lors des matchs de la rentrée littéraire de PriceMinister. Je n'avais pas encore eu l'occasion de l'ouvrir, hors voilà que le mot du challenge "un mot, des titres" est BEAU. Je ne connais absolument pas l'auteur ni ce roman en particulier. J'ai découvert que Lyonet Trouillot était originaire d'Haïti, c'est ma carte du monde sur LA qui va être contente. J'adore toujours autant les Editions Actes Sud, l'étroitesse de ce format donne au livre un côté encore plus cocooning. ^^

Dès la première ligne, l'amour des mots explose au visage. Lyonet trouillot semble choisir et manipuler les mots avec délectation comme on mangerait un corossol. Je ne connaissais pas ce fruit, jusqu'à cette lecture. Il parait que son goût se rapproche de celui du Malabar. Miam! Sa plume est magnifique et pose une ambiance où l'on se laisse bercer par le roulis des vagues et chauffer par le soleil. Ce roman donne envie de profiter de la vie et de prendre son temps.

La trame et légère et guide les propos des personnages. Surtout de Thomas, le guide qui amène Anaïse à l'anse-à-Fôleur. Il raconte son pays, la ville, le tourisme, la politique, les gens, le temps qui passe... et surtout son village. Ce dernier semble être un monde à part. Quand je l'ai entendu en parler je n'ai pu m'empêcher de repenser à "l'Île des gauchers" d'Alexandre Jardin. Etrange sachant que j'ai lu ce roman il y a très longtemps, et que je me souviens à peine de l'histoire.

Par contre si l'intrigue est ténue, la question qui parcourt le roman est essentielle: "Quel usage faut-il faire de sa présence au monde". Ça c'est une question, à laquelle on pourrait tenter de répondre toute sa vie. A la fin de ce récit, le lecteur n'aura pas de franche réponse, mais c'est à chacun de trouver sa solution.

          En bref.
Ce roman est un conte poétique qu'il faut lire pour la saveur de ses mots; en prenant le temps de tourner les pages.

          Note          étoileétoileétoileétoileétoileétoile

          Pour en savoir plus sur l'auteur et sur le livre.

          D'autres avis.

livraddictlogo  babelio  Booknode  goodreads

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge organisé par Calypso "Un mot, des titres". Voici le compte-rendu de cette 8ème session. Le mot de la prochaine session se trouve ...

Un-mot-des-titres

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Commentaires
F
Je pense que je suis un peu passée à côté de ce livre même s'il m'a plu dans l'ensemble mais le principe de narration ne m'a pas vraiment convaincue.
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C
Je suis passée à côté... <br /> <br /> Merci d'avoir participé à cette session !
Répondre
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