"La voleuse de livres" de Mark Zusak, pp. 527 - Ed. Oh! - 2007.
4ème de couv.
Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenue. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est arrêtée. Est - ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres...
Premier paragraphe.
D'abord les couleurs. Ensuite les humains. C'est comme ça que je vois les choses, d'habitude. Ou que j'essaie, du moins."
Citations.
"Ceux qui n'ont rien ne cessent de se déplacer, comme si leur sort pouvait être meilleur ailleurs. Ils préfèrent ignorer qu'au terme du voyage ils vont retrouver sous une nouvelle forme le vieux problème, ce membre de la famille qu'on redoute d'embrasser."
"UNE DEFINITION ABSENTE DU DICTIONNAIRE: Ne pas s'en aller: un acte d'amour et de confiance, que les enfants savent souvent traduire."
"Et cette fois, ce ne fut pas une petite Watschen, ni même une moyenne, mais la mère de toutes les Watschen du couloir, une succession de coups cinglants de bâton, qui empêcha pratiquement Liesel de s'asseoir pendant une semaine."
"QUELQUES PETITES VERITES: Je n'ai pas de faux, ni de faucille. Je ne porte une robe noire à capuche que lorsqu'il fait froid. Et je n'ai pas cette tête de squelette que vous semblez prendre plaisir à m'attribuer. Vous voulez savoir à quoi je ressemble vraiment? Je vais vous aider. Allez chercher un miroir pendant que je poursuis."
"Max releva la tête, avec une infinie tristesse mêlée d'étonnement. 3Il y avait des étoiles, dit-il, elles m'ont brûlé les yeux.""
"Parfois, ça me tue, la façon dont les gens meurent."
Lilly's feeling.
Quelle watschen! C'est intense, dur et poignant. Le sujet majeur du roman est plutôt "classique" dans la littérature, mais le point de vue est peu courant, à savoir celui d'allemands du peuple pendant la seconde guerre mondiale. J'ai trouvé ce roman un peu dur pour un livre classé jeunesse, en tout cas plus adolescent.
Le début est lent. J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire de Liesel. Mais progressivement je m'y suis intéressée; et au fur et à mesure les épisodes de la vie de garnements sous le IIIème Reich, deviennent - par la suite - des souvenirs clin d'oeil pour le lecteur.
Mark Zusack aborde des thèmes comme les mots, qui sont omniprésents dans le roman. C'est une forme de lutte face aux évènements qu'il raconte, aussi bien pour Liesel que pour lui. C'est un peu une mise en abîme de ce que sa famille a vécu elle-même. Il faut savoir que son père est autrichien et sa mère allemande. Souvent dans le corps du texte apparaissent des termes en allemand, dont le lecteur comprendra aisément le sens (même celui qui a fait espagnol au lycée^^) tels que Saumensch, Saukerl et bien d'autres. Je cite ces deux-là en particulier, parce que ce sont des injures qui au départ sont irritantes par leur répétition incessante, puis qui deviennent une marque d'affection, un clin d'oeil, un instant de complicité avec le lecteur.
Une réflexion persiste dans cette lecture: "L'homme est un loup pour l'homme", mais certains essaient de rendre le monde un peu plus beau. C'est tout un paradoxe qui rend l'Homme humain, et qui intrigue la Mort. Cette idée se confirme par le choix de Mark Zusak de raconter l'histoire d'allemands pendant cette époque d'horreur, mais aussi d'actes isolés de résistance.
Le personnage principal est Liesel, une petite fille forte et attachante. Tous les personnages se caractérisent par les liens qu'ils entretiennent avec elle. Une relation importante pour Liesel est celle qu'elle entretient avec Rudy son meilleur ami. Il y a aussi celle qui se crée avec Max. L'amitié est l'un des éléments importants qui lutte contre l'atrocité des évènements que les habitants de Molching vivent. Mais le lien qui m'a le plus touché et celui qu'elle entretient avec son père, Hans Hubermann. Touchant et profond.
Le style de l'auteur est particulier; le choix du narrateur ou plutôt de la narratrice, plutôt orignal. Le récit n'est pas linéaire ni chronologique. La mort (qui est omniprésente) a une façon bien à elle de raconter l'histoire de Liesel, et je ne vais surtout pas me risquer à la critiquer.^^ Le texte est semé d'humour, de petites définitions, de réflexions plus ou moins pertinentes, ce qui le rend d'autant plus spécial. Malgré la dureté du sujet abordé, il reste léger.
Ce roman est presque un coup de coeur. Presque car un petit point de détail - un choix narratif de l'auteur - m'a chagriné, que dis-je irritée, agacée, énervée, gonflée... Grrrrr! En effet, cette chère narratrice estimant que le suspense ne sert à rien, nous sert des révélations percutantes avant que les évènements ne se produisent. Ainsi on apprend ce qu'il va arrivé aux personnages bien avant que cela se produise. D'accord ça met un coup au coeur, mais ça gâche la lecture...
Un point m'intrigue. P 341: Une allusion particulière de l'auteur "Le 23 juin 1942, un groupe de Juifs français se trouvaient dans une prison allemande en territoire polonais. Le premier que j'ai emporté était près de la porte, l'esprit cherchant à s'évader, puis réduit à tourner en rond et à ralentir, à ralentir..." Pourquoi cette date en particulier? J'ai cherché rapidement sur Wikipédia sans rien trouver de spécial à ce jour-là. Quelqu'un a une idée?
En bref.
Dur de parler de ce livre, si particulier sans trop en révéler. En tout cas, vous allez sourire, frémir, trembler et même peut-être verser un petite larme à sa lecture et c'est ça qui est bien. ^^
Pour en savoir plus sur l'auteur et sur le livre.
Mes compagnons de [LC] organisée par Bambi_slaughter: beL, Didikari, Yogi, Stéphanie-plaisirdelire,