"La délicatesse" de David Foenkinos, pp. 224 - Ed. Folio - 2011.
4ème de couv.
François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m’en vais. C’est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n’est guère mieux. On sent qu'on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu’un jus ça serait bien. Oui, un jus, c’est sympathique. C’est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l’orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Le jus d’abricot, ça serait parfait. Si elle choisit ça, je l’épouse…
– Je vais prendre un jus… Un jus d’abricot, je crois, répondit Nathalie.
Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité. »
Première phrase.
"Nathalie est plutôt discrète (une sorte de féminité suisse)."
Citations.
"Une de ses amies lui avait di: personne ne t'arrête jamais, car tu as l'allure d'une femme poursuivie par le temps qui passe."
"Vient une heure dans le bonheur où l'on est seul dans la foule."
"Mais c'est toujours ainsi: on a toujours cinq minutes de retard sur nos conversations amoureuses."
"Le Larousse s'arrête là où le coeur commence."
Lilly's feeling.
Je ne suis pas très friande des 4èmes de couvertures qui s'exposent à travers un extrait du roman. Ça me fait penser aux bandes annonces de film, dans laquelle toute l'histoire est résumée en une succession d'images qui ne laisse plus aucune surprise au spectateur. Tout est révélé et notamment les moments les plus explosifs si je puis dire... Espérons que ça ne soit pas le cas ici.
Le roman porte extrêmement bien son titre, tout en délicatesse, au travers d'une écriture ciselée, et d'une histoire toute en finesse et en émotion. Les insertions de l'auteur concernant des détails incongrus croisés au long du récit sont malicieux. Par exemple: "prochaines destinations envisagées par Nathalie &François", "distance entre Paris & Moscou", "Définition du mot "délicat" selon le Larousse, car "délicatesse" ne suffit pas pour comprendre la délicatesse"... Ces annotations sont comme des clins d'oeil au récit, elles permettent aussi au lecteur de s'en détacher un instant. De contempler ce texte, et d'en prendre toute la mesure, un peu comme au sortir d'une apnée. Dans tous les cas, c'est un concept intéressant.
Comme je le disais plus haut, l'histoire est tout en délicatesse, mais je ne pense pas l'avoir appréciée à son juste titre. Peut-être l'ai-je trouvé un peu fade, un peu simple. Je ne sais. C'est tout en retenue, comme assourdi, étouffée par la moquette. Ca manque presque de vie. Néanmoins, vers la fin, le rythme s'accélère et ça bouge un peu plus.
En bref.
C'est une histoire toute en contemplation, mais dans le même style et en beaucoup plus poétique, j'ai largement préféré "Neige". Durant toute ma lecture, je n'ai pu m'enpêcher de me demander comment l'auteur avait pu retranscrire tous ces sentiments ténus et délicats au travers de son film. Perd-il de sa finesse?
Mes compagnons de [LC], organisée par beL: Stellablogeuse, Petitepom, ASK!, Nath, Ptitelfe, Dex, PetiteMarie,